AU BOUT DU TÉLÉPHONE
Il fallait oser ! Le premier film de Gustav Möller, 30 ans, se déroule exclusivement au téléphone, au sein d’un centre d’appels d’urgence de la police danoise. Périlleux, mais le résultat se révèle à la hauteur. Le huis clos initial se transforme en effet très vite en thriller mental, à la suite de l’appel désespéré d’une femme, apparemment enlevée. À l’autre bout du téléphone : Asger, flic frustré et seul personnage visible à l’écran (les autres ne sont que des silhouettes ou des voix, formidables d’humanité brisée). C’est peu dire, alors, que l’on se fait son propre film ! Car si l’on ne voit rien du drame qui se joue dans The Guilty, on entend tout. Un vrai bonus : on ne s’ennuie jamais, l’oreille et l’esprit constamment aux aguets. Bien aidé·e par l’intense prestation de Jakob Cedergren dans le rôle d’Asger. Et bien manipulé·e par une réalisation au cordeau. En clair, cette enquête peu protocolaire, jalonnée de paroles essoufflées et de twists, est haletante. Posant la seule question qui vaille : qui est victime, qui est coupable ?