Bizarres hasards
Il dit que ce sont vraiment des coïncidences. Ce qu’il ne dit pas c’est qu’il est mordu de musées et qu’il y passe des heures, des jours entiers parfois, depuis des années. Le photographe Stefan Draschan avait le sentiment que, dans ces lieux d’exposition, le public devenait créatif. « J’essaie aujourd’hui d’aller plus loin et de faire des visiteurs eux-mêmes une oeuvre d’art. » Il saisit les rencontres improbables, chocs visuels, des amateurs en harmonie avec les tableaux qu’ils observent. C’est parfois un détail, une teinte de cheveux, une coiffure, une posture, et voilà que l’oeuvre et celui·celle qui la scrute forment en effet une nouvelle création dans l’oeil du photographe. Lequel a quand même un truc pour apprivoiser le hasard. Connaissant les tableaux par coeur, il repère parfois, dans l’entrée du musée, le pull ou la robe qui feront tilt devant telle toile. Et planqué derrière son appareil, il suit le visiteur ou la visiteuse jusqu’à LA rencontre. L’instant, malicieux ou poétique, pendant lequel amateur ou amatrice et artiste sont lié·es.