Causette

UN HOMME, UN VRAI

À force d’attaquer le machisme, on finit par obtenir une contre-attaque. Causette, belle joueuse, le laisse parfois s’exprimer.

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Mademoisel­le Causette,

Enfin ! Comme chaque année à la même saison, je me réjouis d’entrer en pleine période de femme-à-poilisme. Partout, sur les affiches ou dans les rues, des femmes s’exhibent, quasiment à poil, à minirenfor­ts de minishorts, mini-tee-shirts et minijupes et c’est une orgie visuelle de jambes, de reins, de nombrils, de bras, de gorges nus : le bon-heur ! J’avais un peu peur que toutes ces histoires de harcèlemen­t de rue ne mettent un frein à l’exhibition­nisme naturel de certaines en les poussant à adopter des tenues décentes, mais non. Je craignais que certaines ne fassent un lien entre le fait de se promener à moitié à poil dans l’espace public et celui de recevoir des avances « non désirées » (outre le fait que le concept d’avances « désirées » n’est pas très clair pour moi), mais, ouf ! il n’en a rien été et le femme-à-poilisme est reparti de plus belle. J’ai toujours été subjugué par l’hypocrisie féminine en ce qui concerne les tenues courtes : je ne cache pas une certaine fascinatio­n pour l’aplomb des éhontées qui prétendent que se promener dans la rue à moitié à poil est un droit ; que si elles se sous-vêtent ainsi, c’est avant tout pour leur propre plaisir et que le regard des messieurs n’a rien à y voir. Ben voyons. J’ai même entendu, un jour, une jeune femme qui se tortillait maladroite­ment en croisant compulsive­ment les jambes pour empêcher la luzerne de jaillir hors de sa microjupe, m’assurer que si elle se promenait ainsi, c’était parce que c’était… confortabl­e ! Ben voyons. Le besoin viscéral d’exciter les messieurs est, chez certaines, tellement irrépressi­ble qu’il est complèteme­nt intégré et n’ose plus dire son nom. Le désir masculin passant essentiell­ement par le regard, la sensibilit­é aux images érotiques (et aux petites allumeuses) est beaucoup plus forte, c’est prouvé, chez les hommes que chez les femmes. La vieille plaisanter­ie « les hommes, c’est comme

les casseroles » n’est donc pas tout à fait méritée puisque c’est plutôt par le cortex visuel qu’il faut les prendre *. Vous savez cela depuis la nuit des temps et en profitez à l’envi – tout en faisant mine de vous en plaindre, c’est de bonne guerre ! J’espère seulement que vous admettrez un jour que le femme-à-poilisme que nous subissons, nous, les hommes, est tout sauf innocent. « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquenc­es alors qu’ils en chérissent

les causes », écrivait Bossuet, qui ne pensait vraisembla­blement pas aux femmes à poil. Alors que moi, oui, souvent. Bien à vous, Éric, un homme, un vrai

* Et non par la queue.

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