Causette

Les questions de Josef Schovanec à l’auteur

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JOSEF SCHOVANEC : Dans votre récit, c’est grâce à un coup d’éclat que l’on obtient gain de cause. Que pensez-vous d’une possible hiérarchis­ation entre parents proches des milieux médiatique­s et les autres ?

SAMUEL LE BIHAN :

En effet, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Laura, mon héroïne, prend des risques insensés pour faire entendre sa voix. C’est ce combat, mené par beaucoup trop de mères, qu’il m’a semblé essentiel de raconter. Ces mamans qui, après avoir monté des structures d’accueil parce qu’il n’y avait rien autour d’elles, mené des combats associatif­s pour obtenir quelques maigres subvention­s, trouvent encore le courage de monter en haut de grues de chantier pour que, enfin, on les entende quand elles ne demandent qu’un peu de place sur un banc d’école pour leur enfant. C’est grâce à elles que les choses ont pu évoluer en France ces dernières années et par écho, c’est encore grâce à elles que ma fille est aujourd’hui en CE1 alors qu’il y a peu, elle était encore murée dans un silence douloureux. Leur héroïsme romanesque me bouleverse, il fallait que j’en parle.

J. S. : Dans le récit, comme dans quasiment tous les témoignage­s sur l’autisme, les « cis-mâles » s’avèrent lâches, ignorants et incompéten­ts, brillent au mieux par leur absence. Pensez-vous qu’il puisse y avoir un jour une place positive pour eux dans l’autisme ? Si oui, que faudra-t-il faire ?

S. L. B. :

En effet, j’ai pu constater que c’est en majorité des femmes qui mènent le combat pour faire bouger les lignes de l’autisme en France et pour s’occuper au quotidien de leur enfant lorsqu’il ne peut être scolarisé, mais heureuseme­nt, je connais des pères formidable­s qui viennent me contredire. Bien des associatio­ns ont été montées et sont dirigées par des papas très investis. C’est d’ailleurs comme cela que j’ai rencontré Florent Chapel qui a écrit Autisme, la grande enquête, et avec qui nous développon­s le projet d’une plateforme d’écoute et d’informatio­n Autisme Info Service. Aussi incroyable que cela puisse paraître, un tel outil n’existe pas. Il fallait donc s’y coller. Et pour revenir à votre première question, voilà peutêtre une utilisatio­n intéressan­te de ma notoriété.

 ??  ?? Un bonheur que je ne souhaite à personne, de Samuel Le Bihan.Éd. Flammarion, 256 pages, 18 euros.
Un bonheur que je ne souhaite à personne, de Samuel Le Bihan.Éd. Flammarion, 256 pages, 18 euros.

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