Causette

Interview de Vincent Lacoste

- PROPOS RECUEILLIS PAR ARIANE ALLARD

Sa bonne tête d’ado narquois et son phrasé nonchalant lui ont permis de briller, souvent, dans des comédies. Des Beaux Gosses à Saint Amour. Changement de cap aujourd’hui avec Amanda, sublime mélo de Mikhaël Hers dans lequel Vincent Lacoste se réinvente totalement. Hyper émouvant.

Rencontre avec un acteur qui a bien grandi, à tout point de vue…

CAUSETTE : On vous a découvert dans le registre de la comédie, où vous excellez. Or Amanda est un pur mélodrame ! Un sacré défi…

Dès le départ, j’ai trouvé le scénario de Mikhaël

VINCENT LACOSTE : Hers sublime ! C’est rare d’avoir une telle propositio­n. Évidemment, j’adore les comédies. Mais j’apprécie beaucoup, aussi, le mélodrame. Ce que je n’aime pas, ce sont les films affectés qui se prennent au sérieux. Et là, ça n’est vraiment pas le cas ! Amanda est une oeuvre lumineuse, à fleur de peau. Donc j’ai tout de suite accepté, même si j’avais très peur du rôle. J’avais la trouille de ne pas être juste, en fait. Car il y a beaucoup de scènes d’émotion et je voulais que ça fasse vrai !

La fragilité masculine étant moins taboue aujourd’hui, il est peut-être plus facile, aussi, de la montrer ?

On sait bien que les trucs de virilité, le concept de ne pas

V. L. : montrer ses émotions quand on est un garçon, tout ça, ce sont des idées reçues. C’est lié à l’éducation, à l’école, où on différenci­e encore les genres, même si c’est en train de changer. Lentement. Moi, on ne peut pas dire que je me définisse par une grande virilité ! Ou alors différente, pas machiste. Tous les gens que je connais, d’ailleurs, ont une « part féminine » en eux. Le truc, après,

2 c’est de l’accepter ou pas. X Voyez Depardieu, immense acteur, il a quelque chose d’assez féminin dans la voix. On a l’impression que ça ne va pas avec son corps. Eh bien, il l’a toujours assumé ! Vous formez un tandem très attachant avec une petite fille dans Amanda. À 25 ans, c’est la première fois que vous incarnez l’« adulte » du film…

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Oui. En fait, à cause d’événements tragiques, mon person

V. L. : nage devient « père » trop tôt et cela me touche énormément. Moi aussi, je suis devenu adulte trop jeune. J’ai sauté l’adolescenc­e, car j’ai travaillé dès l’âge de 14 ans. Ça n’a rien à voir avec la situation de David, qui perd sa soeur et doit s’occuper de sa nièce. Mais, dans la mesure où j’ai été propulsé de façon précoce dans quelque chose que je ne comprenais pas toujours, j’ai vraiment réussi à me sentir proche de lui.

Vous êtes cinéphile et citez volontiers James Stewart comme modèle. Votre complicité avec Riad Sattouf, qui vous a révélé, peut aussi faire penser à celle de Jean-Pierre Léaud avec François Truffaut, non ?

D’abord, je suis un immense fan de James Stewart ! Il

V. L. : détonne totalement parmi les acteurs de son époque, à la fois viril et très féminin justement. Dans les films de Frank Capra, j’aime énormément son humanité, sa candeur, sa façon de s’exprimer, pas du tout « beau ténébreux ». Il est très attachant et très drôle. Jean-Pierre Léaud a vachement ça, lui aussi. C’est un acteur exceptionn­el, qui a défendu un cinéma que j’adore. Quant à Riad Sattouf, il a vu avant moi que je pouvais être un acteur. Il a changé ma vie. J’ai eu énormément de chance de tomber sur lui. Aujourd’hui encore, c’est un ami extrêmemen­t proche. Fondamenta­l.

Amanda, de Mikhaël Hers. Sortie le 21 novembre.

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Avec la jeune Isaure Multrier, dans Amanda.
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