Divorce à l’italienne
Depuis quelques semaines, les Italiennes descendent dans la rue et pétitionnent pour s’opposer à la proposition de loi du sénateur Simone Pillon (Ligue du Nord) visant à réformer « les normes en matière de garde partagée, pension alimentaire et garantie de coparentalité ». L’élu du parti d’extrême droite, qui partage le pouvoir avec le Mouvement 5 étoiles, s’inscrit dans la droite lignée des revendications masculinistes en matière de divorce de couples avec enfants : la garde partagée systématique et « à temps strictement paritaire ». Problème ? Le législateur n’a prévu qu’un cas où elle ne serait pas mise en place : lorsque l’enfant a été violenté par l’un des parents. Conséquence : en cas de violence conjugale, la justice ne pourra plus s’opposer à ce que la garde soit partagée. Comment envisager qu’un enfant témoin de ces violences aille vivre la moitié de son temps chez le bourreau de l’autre ? Mais cette loi pourrait également entraîner « une interdiction de facto du divorce » pour les couples avec enfants, selon l’analyse de l’écrivaine féministe Cristina Obber. En effet, quand bien même il n’y a pas de violences au sein du couple et que le divorce résulte d’un consentement mutuel, les futurs ex-conjoints auront obligation de passer devant un médiateur, chargé de « sauver l’intégrité de la famille » et donc de « les convaincre de ne pas se séparer » , explique Obber. Poids moral, mais surtout financier : les consultations seront payantes, et si les deux parties ne s’entendent pas, les services d’un coordinateur parental seront aussi à leur charge. De quoi y réfléchir à deux fois avant de se quitter – et c’est précisément le but de cette proposition de loi.