Causette

“L’identité du donneur, ça ne m’a jamais interpellé”

Arthur, 17 ans, et Lola, 14 ans, fils et fille de Christelle et Christelle (Yonne)

- A. C.

“Je n’ai jamais entendu aucune remarque désobligea­nte sur le fait d’avoir été élevée par deux femmes” Lola

Arthur

« Mes parents m’ont expliqué, au fur et à mesure que je grandissai­s, les principes de la PMA, qui avait amené à ma naissance. Nous avons aussi, tous les quatre, entrepris un petit voyage en Belgique il y a quelque temps, au cours duquel nous sommes revenus sur les lieux d’itinérance de mes parents et même à l’hôpital où ma soeur et moi avons été conçus. Mes parents m’ont demandé si l’identité de ce “monsieur qui a donné la graine”, le donneur, me travaillai­t, mais moi, ça ne m’a jamais interpellé. Je le remercie d’avoir fait ce travail-là, mais ça ne me manque vraiment pas de ne pas le connaître.

Parfois, je me suis posé la question de savoir si grandir avec un modèle paternel était nécessaire, et aujourd’hui, je suis persuadé que non. J’ai beaucoup d’amis garçons et il y a aussi les amis de mes parents, qui ont leur âge. Ce modèle masculin, je le trouve chez eux. J’ai su me construire ainsi. Et je n’ai par ailleurs aucune difficulté à parler de “trucs de mecs” avec mes parents.

J’ai grandi dans un milieu semi-rural et personne n’a jamais été méchant envers moi par rapport à mes parents. Au pire, j’ai pu essuyer une sorte d’incompréhe­nsion venant d’enfants, du type “c’est pas possible de pas avoir de papa”. Les seules situations d’homophobie que je connaisse, c’est les discours de la Manif pour tous à la télé quand j’avais 10 ans. Ma famille est très engagée sur les droits LGBT, et la PMA pour toutes est un sujet très présent à la maison. Il me semble tout à fait important que la PMA ne soit pas accessible qu’à un seul type de personnes.

Ah oui, je dis “mes parents” par habitude d’entendre mes potes le dire, mais je n’ai aucun problème à dire “mes mères”. Au final, c’est la même chose. »

Lola

« Comme Arthur, je n’ai jamais entendu aucune remarque désobligea­nte sur le fait d’avoir été élevée par deux femmes. Je le dis aux personnes en qui j’ai confiance, lesquelles sont ensuite curieuses de savoir comment je suis née, mais c’est tout.

Il y a quelques années, je me suis dit que j’aurais bien aimé avoir une photo de mon père biologique, mais savoir son nom, ou qui il est, ne m’intéresse pas. Et je ne me suis jamais sentie différente. L’essentiel est d’être dans une famille aimante, avec des parents qui s’entendent bien, non ? »

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