Causette

SALADES PORNOGRAPH­IQUES

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Il était une fois une incroyable success story : celle de Jacquie et Michel, un petit site porno devenu grand, grâce à ses vidéos mettant en scène non pas des stars du X, mais de « véritables amatrices et couples de France » . De l’ « authentiqu­e » , dont les fondateurs, présentés dans les médias comme un petit couple d’instituteu­rs à la retraite, ont su faire leur marque de fabrique. Jusqu’à s’autoprocla­mer « numéro 1 du porno réalité » . Sauf que cette réalité, le journalist­e Robin d’Angelo vient d’y consacrer un livreenquê­te, Judy, Lola, Sofia et moi, fruit d’un an et demi d’immersion dans le monde du « porno amateur ». Et ce qu’il raconte met sérieuseme­nt à mal l’histoire officielle de Jacquie et Michel. « Il y a quelques femmes libertines qui font ça en couple, mais c’est assez marginal. Pour la plupart, ce sont des travailleu­ses du sexe », nous confirme-t-il.

Pour rendre sa fable crédible, J&M demande donc à ses réalisateu­rs de respecter une charte : filmer la personne dans une ville que l’on peut identifier, l’interviewe­r sur sa vie… quitte à broder. « Au lieu de dire “Natacha, 27 ans, escort à temps partiel”, on va plutôt dire “Marie, 24 ans, secrétaire”, illustre Robin d’Angelo. Il faut bien comprendre que l’“amateur” n’a rien de différent du reste du porno. C’est juste une esthétique visuelle qui joue sur le ressort érotique de la “girl’s next door”. C’est un produit qui plaît et qui, en plus, ne coûte pas cher à produire. » Pas à un mensonge près, l’entreprise n’a par ailleurs jamais été dirigée par une quelconque Jacquie. « En réalité, ce n’est pas Jacquie et Michel, c’est Michel et Abel, deux mecs qui grenouille­nt dans le porno depuis le début des années 2000 », poursuit le journalist­e. Bien joué ! Car si Jacquie et Michel sont un couple en toc, leur marque se décline aujourd’hui sous forme de vidéos, de magazines, de soirées, de sex-shops et même de bières (en vente chez Leclerc ! Si si, on ne vous ment pas). De quoi générer, l’an dernier, un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros… bel et bien authentiqu­es, ceux-là.

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