Causette

LE YOUTUBEUR DE LA GAY PATERNITÉ

Avec sa chaîne YouTube Chez papa papou, depuis Reims (Marne), Émil, 30 ans, père d’un petit Arsène de 2 ans, aborde les parentalit­és LGBT. Il a aussi produit le Tour de France des familles, des vidéos où il donne la parole à ces parents et leurs enfants.

- É. L. B.

« Je m’appelle Émil. Avec mon mari, Yo, nous sommes les heureux parents d’un petit Arsène. On trouvait qu’il y avait très peu de médias-ressources sur l’homoparent­alité en France. C’est pour ça qu’on a décidé de lancer notre chaîne YouTube. Une sorte de mix entre les magazines Parents et Têtu, en vidéo ! En nous appuyant sur notre expérience, nous parlons de la gestation pour autrui éthique, telle qu’elle fonctionne depuis des décennies aux États-Unis. C’est très important de faire preuve de pédagogie sur ce sujet trop souvent caricaturé en France. On souhaitait reprendre une parole confisquée et instrument­alisée depuis 2013 par les opposants au mariage pour tous. C’était important à nos yeux de casser les préjugés en douceur, en montrant simplement la réalité de notre famille homoparent­ale. Oui, notre fils a deux papas. Deux papas qui sont amoureux. Et il n’a pas de maman. Mais que ceux qui critiquent l’absence d’une maman, une personne douce qui lit des histoires, donne le bain, fait les câlins et change les couches – ça fait beaucoup de stéréotype­s d’un coup [rires] – se rassurent : nous avons toutes ces cordes à nos arcs !

À la maison, tout est très fluide. Les prétendus rôles paternels et maternels se répartisse­nt en fonction des jours, des humeurs et des affinités, et chacun s’y retrouve très bien. Par nos lectures d’albums et de contes, nous sensibilis­ons déjà notre fils au fait que, par exemple, une fille peut devenir une vaillante chevalière, qu’un garçon a le droit de porter du rose ou de s’amuser à habiller une poupée… Bref, quel que soit son genre, on peut prétendre à tous les jouets, toutes les activités, tous les vêtements et surtout à tous les rêves d’enfant.

Ce qui peut faire du mal aux petits issus de familles homoparent­ales, c’est le regard des autres. La méconnaiss­ance, la bêtise, les préjugés… C’est pourquoi il faut être visible, se montrer en famille, et ce dès la rencontre de nouvelles personnes. Pour éviter les questions d’autres parents, les non-dits, les ambiguïtés. Dès le début d’une activité, par exemple. Nous avons toujours fonctionné ainsi, à trois, aussi bien quand nous sommes allés aux ateliers de massage pour bébé, que maintenant aux bébés nageurs, et demain à l’école. Ainsi nous disons : “Voilà, c’est notre famille et nous l’assumons parfaiteme­nt.” C’est ainsi qui nous donnerons les clés à notre fils pour se construire et être fier de sa famille, et savoir répondre et se défendre, le cas échéant.

Pour changer le monde, il faut sensibilis­er les enfants, le plus tôt possible, au respect de toutes les différence­s et à la tolérance. Ainsi, ces potentiels futurs parents pourront demain, à leur tour, transmettr­e instinctiv­ement des valeurs plus safe. Il faut également repenser en France le sens même du mot “parent”. Un gamète n’est pas suffisant pour faire un bon parent. Ce sont la responsabi­lité et l’engagement qu’on met jour après jour qui devraient sceller, à mon sens, la filiation avec son enfant. »

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