JEU DE DIVAN MUSICAL
Peut-on être pire qu’un cordonnier mal chaussé, une psy dévouée mais déglinguée ? Josiane Pinson le prouve dans la dernière séance de sa psychothérapie théâtrale en trois volets, PSYcause(s). Toujours seule en scène, la psy anticonformiste revient tourner autour de son divan et des névroses de ses patients, en s’installant tour à tour dans la peau de chacun d’entre eux. Une fillette perturbée, une grand-mère dévote en crise de foi, un amant endeuillé, une lacanienne illuminée, une coache sexuelle adepte de tantrisme et de frigidité. Au milieu de tout cela, notre sexagénaire ne sait plus bien où donner de la tête et commence à laisser sa vie privée infiltrer doucement les murs de son cabinet. D’abord, sa mère, une psy excentrique elle aussi, qui a décidé, quelques jours après sa mort, de s’installer dans son cerveau pour commenter tout ce qu’elle fait (par la voix off de l’irremplaçable Judith Magre). Puis son ex-mari, qui cherche tout à coup à renouer. Enfin, ses trois enfants, qui ouvrent son procès… Sans compter sa maîtresse, une ex-patiente dont elle est tombée folle amoureuse, qui pousse un peu loin le concept de « polyfidélité ». Dans ce jeu de divan musical aussi barré que réaliste, Josiane Pinson s’amuse elle-même à désaccorder chaque instrument de sa propre partition millimétrée. Par pur plaisir de se démultiplier ou de devenir cinglée ? Un peu de tout cela, mais surtout pour nous ressembler.
PSYcause(s), de Josiane Pinson. Jusqu’au 10 mars 2019 au Studio Hébertot, à Paris.