Causette

6 DÉCEMBRE

Classe de CM1, école élémentair­e Eugène-Varlin

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Les CM1 bouillonne­nt. Ils n’ont qu’une expression à la bouche : « gilets jaunes » (GJ). Chacun, chacune voudrait dire ce qu’il a entendu ces derniers jours. Pour abattre la forêt de doigts qui s’est dressée, un tour de table s’organise. Tant pis pour la séance prévue autour de la diversité des sources des journalist­es. Au menu de leurs comptes rendus d’enfants : les saccages de magasins et l’invasion de l’Arc de triomphe. La violence les marque, mais n’entame pas le soutien qu’ils portent aux GJ. « Samedi, les policiers vont tirer sur les gens ! » s’inquiète Safiatou, provoquant un murmure de réprobatio­n dans la classe. C’est sa mère qui lui a donné l’info, qui tourne de Snap en Snap. Crédible ? La petite admet n’avoir aucune preuve. « On pourrait demander si c’est vrai à des policiers qu’on connaît », suggère Jawade. Dans leurs récits aussi, le président de la République qui « parle mal aux gens ». « Macron, démission », entonne en choeur la classe, quand certain·es esquissent un pas de danse. Graines de putschiste­s ? Ils reprennent en fait le dernier succès sur YouTube. Tous les gosses en parlent, des maisons de quartier aux cours de récré. « Vous connaissez la chanson des “gilets jaunes”, Madame ? » Kopp Johnson, inconnu aux quelques milliers d’abonné·es, a opéré un coût de maître. Mettre en musique la révolte avec deux seules paroles, qui reviennent en boucle : « Gilets jaunes, gilets jaunes, hé » et le fameux « Macron, démission ». Ce jour-là, trois semaines après sa mise en ligne, la vidéo comptabili­se 4,2 millions de vues. Plus de 18 millions aujourd’hui.

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