7 DÉCEMBRE

Club Actu, avec les ados et leurs parents, programme de réussite éducative (PRE)

C’est la troisième fois en un mois que je retrouve les adolescent·es en grande difficulté scolaire, suivi·es par le programme de réussite éducative de la ville, et leurs parents pour des échanges autour de l’actualité. C’est notre « club actu ». La fermeture provisoire du lycée, après des heurts entre jeunes et policiers et l’intrusion d’individus dans l’établissement, n’a pas relégué au second plan le mouvement des « gilets jaunes ». Les mères partagent les revendications des ronds-points. Elles aussi comptent chaque sou. Mais les manifestations, très peu pour elles. « On n’a pas de voiture, pas de permis », hausse des épaules Nema 2. « Et pas de gilet jaune » , dit en riant Binta La convergence des luttes entre ronds-points et quartiers populaires leur paraît improbable. « S’ils manifestent demain à Paris, les jeunes d’ici vont tout casser, ils vont y aller pour casser », assure l’une des mères, le regard plus sévère qu’un éditorialiste de BFM-TV.

Deux heures plus tard, je retrouve justement les « jeunes d’ici » à l’Espace Angela-Davis de la ville. Régulièrement, j’assiste à la conférence de rédaction du journal amateur qu’ils ont lancé, A.D.N. Alors que la France s’embrase, ils pensent à « additionner les colères ». « Profiter de ce mouvement, pour lequel les médias sont plus cléments que si ça brûlait dans nos quartiers, pour faire entendre notre voix », explique Nico, 20 ans tout juste, fou de politique et fier d’être citoyen. « L’an dernier, tu sais, j’ai fait une petite danse de la joie quand mon bulletin est tombé dans l’urne et que j’ai entendu “a voté” », mime-t-il, toutes dents dehors. « Je pense que les “gilets jaunes” représentent une opportunité, poursuit-il. Mais les manifestations sont trop violentes. Si on se joint à elles, on nous accusera nous, les Noirs et les Arabes, d’être ceux qui foutent la merde. »