Causette

PERSONNE N’A PEUR DES GENS QUI SOURIENT DÉSERTER

- L. M.

Peut- on faire confiance

à ceux qui nous protègent ? Au début du roman, Gloria, mère de famille atypique, s’apprête à faire un geste étrange, sans sourciller. Cette femme rebelle, droite dans ses bottes, décide un matin d’aller chercher ses deux filles à l’école pour les emmener à l’autre bout du pays. Départ de la Côte d’Azur, direction la forêt de Kayserheim, un village alsacien à la frontière allemande, dans lequel elle a passé toutes ses vacances, petite. « Et on ne peut prévenir personne ? » demande l’aînée dans la voiture. Sûrement pas, c’est une désertion. Une version moderne et familiale de ce que l’essayiste allemand Ernst Jünger appelait « le recours aux forêts ». Dans quel but ? Chercher le beau, le vrai, fuir les bassesses de la société ? Rien de tout cela. Chez Véronique Ovaldé, les êtres se battent comme ils peuvent contre leurs propres démons et n’ont de compte à rendre qu’à euxmêmes. À travers cette histoire, aussi prenante et inquiétant­e qu’un thriller, la romancière nous rappelle que nous n’avons pas d’autre éthique que celle forgée par ceux qui veillent sur nous. Et qui, méfiez-vous, peuvent bien se révéler un jour ou l’autre à moitié fous. Personne n’a peur des gens qui sourient, de Véronique Ovaldé. Éd. Flammarion, 268 pages, 19 euros.

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