LA SAGA FERRANTE
Elena Ferrante n’étonne pas parce qu’elle a voulu être anonyme. Elle fascine parce que, dans son prodigieux succès (plus de 5 millions de livres vendus à travers le monde), elle est parvenue à le rester. Ce livre ravira les fans et convaincra les profanes : il rassemble des lettres échangées avec son éditeur italien, des extraits d’interviews de l’auteure (faites par écrit, forcément, puisqu’elle n’apparaît pas…), ou encore de correspondances avec ses lectrices et ses lecteurs. Aucun chichi ni aucune lubie, ici, de la part de l’auteure de L’Amie prodigieuse. Mais les contours d’une personnalité complexe, qui est devenue une romancière à succès dans l’Italie de Silvio Berlusconi. On mesurera combien l’écriture romanesque lui sert aussi de pratique de soi, du monde, de la féminité, du féminisme et… de Naples. On lira une femme hyper perfectionniste, refusant tout compromis pour se vivre en possédée du verbe. Frantumaglia. L’écriture et ma vie, d’Elena Ferrante. Traduit de l’italien par Nathalie Bauer. Éd. Gallimard, 462 pages, 23 euros.