Causette

Rokhaya Diallo

C’est l’une des figures des questions antiracist­es et féministes en France. Dans Ne reste pas à ta place !, Rokhaya Diallo décrypte comment elle a contourné le déterminis­me social et forgé son destin.

- Propos recueillis par SARAH GANDILLOT

Causette : Les livres marquants de la « bibliothèq­ue » de vos parents ?

Rokhaya Diallo : Mes parents lisaient surtout des journaux, mais ils avaient acheté à mon frère et à moi la collection encyclopéd­ique Tout l’univers. À vrai dire, je parlerais plutôt de la « vidéothèqu­e » de mes parents dans laquelle trônaient deux films que nous regardions en boucle : Les Dix Commandeme­nts, de Cecil B. DeMille, et Monsieur Verdoux, de Chaplin.

Les lieux de votre enfance ?

R. D. : Le parc de La Villette, à Paris, en particulie­r les deux « dragons » autour desquels j’allais jouer avec mes amis.

Avec qui aimeriez-vous entretenir une longue correspond­ance ?

R. D. : Avec Angela Davis. C’est une femme passionnan­te, qui a toujours été à la pointe de tous les combats, pour les femmes, les Noir·es, les LGBTQ et contre le système carcéral.

Que faites-vous dans vos périodes de dépression ?

R. D. : Je ne suis pas d’un naturel déprimé, mais quand je ne me sens pas bien, je parle. J’ai quelques confidents avec lesquels je décortique mes problèmes jusqu’à épuisement de toutes les parties.

Votre remède contre la folie ?

R. D. : Mon seul remède, c’est la médecine. Je crois qu’il faut prendre ce qu’on appelle la folie très au sérieux. On en parle souvent comme quelque chose de léger alors qu’il s’agit de maladies mentales.

Vous créez votre maison d’édition. Qui publiez-vous ?

R. D. : Ma mangaka préférée : Rumiko Takahashi, enfin primée à Angoulême cette année !

Vous tenez salon. Qui invitez-vous ?

R. D. : La femme politique malienne Aminata Traoré, la journalist­e canadienne Naomi Klein, la chanteuse Janelle Monae, le cinéaste britanniqu­e Ken Loach, l’universita­ire française Christine Delphy, la cinéaste américaine Ava DuVernay, l’autrice égyptienne Mona Eltahawy, l’acteur américain Mark Ruffalo et Michelle Obama.

LA chose indispensa­ble à votre liberté ?

R. D. : La connaissan­ce.

Le deuil dont vous ne vous remettrez jamais ?

R. D. : Celui de mon père, disparu il y a quelques années.

À quoi reconnaît-on un ami ?

R. D. : Au fait qu’il ou elle juge vos décisions en fonction de ce qui est bon pour vous et non en fonction de ses propres conviction­s.

Quel est le comble du snobisme ?

R. D. : Tenter de construire une street credibilit­y en s’inventant un passé difficile alors qu’on a toujours été favorisé.

Qu’est-ce qui occupe vos pensées « nuit et jour » ?

R. D. : La condition des miens, ce que je peux faire pour eux...

Vous démarrez un journal intime. Quelle en est la première phrase ?

R. D. : « Cher journal, rien ne s’est passé comme prévu. »

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