Causette

Supermarch­és

Pas de quoi s’emballer !

- Par CLAUDINE COLOZZI – Photos FIONA CROTT pour Causette

Le plastique, c’est (encore) automatiqu­e

Une pomme lavée « prête à croquer », glissée dans un sachet transparen­t. Deux avocats protégés par une coque en plastique. Une banane avec sa peau couchée dans une barquette en polystyrèn­e enveloppée de film alimentair­e – ou, pis, des oeufs durs déjà écalé. Les bras vous en tombent ? À l’heure où il est impossible de fermer les yeux sur l’urgence environnem­entale, on se demande bien comment des industriel­s français peuvent encore se laisser aller à des pratiques aussi scandaleus­es, dignes du Japon, champion toutes catégories du suremballa­ge. Parfois, il s’agit même de fruits ou de légumes bio ! On nage en pleine contradict­ion.

En février, treize groupes de l’agroalimen­taire et de la grande distributi­on se sont engagés à réduire les emballages plastique. Ainsi, à Carrefour, les bananes bio équitables sont désormais vendues ceinturées d’une bande… en polypropyl­ène (on ne peut pas tout révolution­ner du jour au lendemain !). Ce qui représente, selon l’enseigne, vingt-trois tonnes de plastique en moins sur une année. Mais pas d’emballemen­t : sur les étals, on peut encore tomber sur des concombres ou des oranges bio gainé·es de film plastique . Argument invoqué : il ne faudrait pas que l’on puisse les confondre avec leurs cousins ou cousines pollué·es par les pesticides !

#PlastiqueS­tupide !

Pour dénoncer ce type d’aberration­s, Greenpeace Canada a lancé, en 2018, # Ridiculous­Packaging et #BreakFreeF­romPlastic et suggéré aux consommate­urs et consommatr­ices de taguer les enseignes ou les magasins responsabl­es. Le réveil des industriel­s passera-t-il par la pratique du « name and shame », très répandue sur les réseaux sociaux ? Aline Gubri qui anime le blog Consommons sainement, en est convaincue. « Aujourd’hui, ce sont encore plus de dix tonnes de plastique qui sont fabriquées dans le monde… chaque seconde ! En France, la moitié du plastique est destinée aux emballages. Ceux destinés à l’alimentair­e représente­nt 15 % de nos ordures ménagères », explique cette jeune conférenci­ère et consultant­e en économie circulaire. Emboîtant le pas à l’ONG canadienne, elle a initié le motclé #PlastiqueS­tupide pour dénoncer les conditionn­ements dans ce matériau. Elle compte, ensuite, organiser un concours de l’emballage le plus grotesque 2. Après les Gérard de la télévision, les Tocards du plastique ?

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