Christine Rollard Du textile en fil d’araignée
Christine Rollard, docteure en sciences biologiques et enseignante-chercheuse au Muséum national d’histoire naturelle, est spécialiste des araignées. Et, à ce titre, la scientifique est souvent sollicitée par des start-up engagées sur le terrain du biomimétisme. Car ces animaux produisent naturellement l’objet de toutes les convoitises des chercheur·euses et des entrepreneur·euses : des fils de soie. « Grâce à leurs glandes, les araignées peuvent produire différents types de fils, pour différents usages. Tous ont une double propriétés : ils sont à la fois résistants et élastiques, explique Christine Rollard. Essayer de reproduire ces fils est très intéressant. » L’élevage d’araignées est très contraignant et la rentabilité industrielle impossible. Mais des scientifiques essaient de faire produire par d’autres organismes vivants des filaments inspirés des fils d’araignée, dont la structure protéique est connue. « Une équipe allemande fait, par exemple, produire des filaments par des bactéries modifiées génétiquement. Et la production semble se faire en grande quantité », rapporte la biologiste. Les fils d’araignée pourraient être un moyen de moins détériorer la planète, notamment en les utilisant dans l’industrie du textile, actuellement très polluante. « Beaucoup d’applications sont envisagées, note Christine Rollard. Ils pourraient inspirer la conception de pièces de tissus, de voilages de bateaux ou de cordages… Ils pourraient aussi permettre de conceptualiser des biomatériaux pour les cosmétiques, des fils de suture pour la médecine ou des fibres optiques. »