Causette

On a beau être

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au XXIe siècle, le jour (plus très récent…) où j’ai soufflé les 25 bougies de mon gâteau d’anniv à la crème fouettée supplément chantilly orné d’une superbe photo de ma délicieuse petite personne, il a fallu que Tata Ginette me pète le délire en hurlant bien fort devant toute l’assemblée : « Bah alors, ma Causette, elle va coiffer sainte Catheriiii­iiine ? » Moi, j’avais jamais entendu parler de Catoche, mais j’ai vite senti que ça sentait le roussi, cette affaire. Comme tout le monde se tenait les côtes à l’évocation de son prénom, j’ai d’abord pensé que, peut-être, Catherinet­te était une sorte de Foresti à son époque. Je vous arrête tout de suite, après une rapide vérif, la môme a eu un destin nettement moins folichon. Née sur les coups de 290 à Alexandrie, en Égypte, Catherine, aussi belle qu’érudite, a refusé un mariage royal, car elle se considérai­t unie à Dieu. Drôle de kif, vous me direz, mais si c’était son trip, on va pas commencer à juger. Bref. Comme elle a eu l’audace de tenir tête aux philosophe­s chargés de la convaincre que le christiani­sme c’était que du bullshit, on a décidé, de façon unilatéral­e, de la faire déchiquete­r sous quatre roues armées de pointes, puis de la décapiter. Et depuis, tadaaaaaa, Catherine est devenue la patronne des célibatair­es. Ce qui, vraiment, n’est pas du tout chargé en termes d’héritage. Jusqu’à un temps pas si lointain, la tradition voulait donc que, tous les 25 novembre, on coiffe ces « catherinet­tes », pas foutues de se trouver un mari à 25 ans, de chapeaux ou de rubans verts et jaunes. C’est moi ou on est à deux doigts du bonnet d’âne ? Bizarremen­t, on n’a jamais vu personne coiffer des « catherinet­s »… Entre-temps, je vous la fais brève, on a brûlé deux trois sorcières et ricané en se moquant des vieilles filles à chats. Puis, les années 2000 ont propulsé sur le devant de la scène la célibatair­e sympa, mais désespérée au point de passer ses soirées à finir des pots de glace en jogging devant de mauvaises comédies romantique­s (bisou Bridget !). Grande nouvelle, 2020 voit advenir la fin de cette vision ô combien éculée de la meuf éplorée qui n’a qu’un seul objectif dans la vie : se trouver un mec. La quatrième vague féministe charrie, avec elle, la possibilit­é d’un célibat choisi et joyeux. Voire libérateur. Il était temps. Catherine doit se frotter les mains.

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