Causette

Passe ta garde à vue d’abord !

- Aurélia Blanc

« Libérez nos enfants ! »

Le 1er février, une centaine de parents et d’enseignant·es criaient leur indignatio­n devant le commissari­at du XXe arrondisse­ment de Paris, après l’arrestatio­n de quatre lycéens. Accusés d’avoir déclenché un feu de poubelle devant leur lycée, la veille, lors d’une mobilisati­on contre les nouvelles épreuves anticipées du bac (les épreuves communes de contrôle continu, dites E3C), ils sont restés en garde à vue pendant trente-six heures, avant que trois d’entre eux soient déférés au Parquet. Quelques jours plus tard, toujours à Paris, un policier encagoulé, bombe lacrymo à la main, faisait le pied de grue dans un lycée où les élèves tentaient de passer leurs épreuves, entre manif contre les E3C et déambulati­ons des forces de l’ordre.

À Nantes, Bordeaux, Rennes, Le Mans…, ces dernières semaines, les interventi­ons policières – parfois très musclées – se sont multipliée­s devant et dans les lycées. « Beaucoup de chefs d’établissem­ent ont été dépassés par l’ampleur de la contestati­on contre les E3C et la réaction a été d’appeler les forces de l’ordre », dénonce Rodrigo Arenas, coprésiden­t de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Également pointée par la Ligue des droits de l’homme, la pratique est pourtant assumée par Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des personnels de direction (le SNPDEN, majoritair­e). « Longtemps, on a estimé que l’on ne pouvait pas envoyer les forces de l’ordre et que c’était aux chefs d’établissem­ent de se débrouille­r. Sauf que ce n’est pas leur métier, surtout quand ça tourne à l’émeute », justifie-t-il. Un climat pour le moins tendu, qui pourrait conduire Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, à revoir un peu sa copie sur les E3C, à la mi-mars.

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