3 questions à… Martial Foucault
Martial Foucault, professeur agrégé de science politique, auteur de Maires au bord de la crise de nerfs (éd. de l’Aube, 2020).
Causette : Quels sont les pouvoirs des maires en matière d’écologie ?
Martial Foucault : Les maires disposent d’un outil essentiel : le plan local d’urbanisme (PLU). Ce sont les règles de construction applicables sur leur commune, qu’ils peuvent rendre très restrictives pour ne plus bétonner les territoires, comme y avait appelé Nicolas Hulot avec l’objectif « zéro artificialisation nette ». Ils sont en première ligne sur cet enjeu. Les maires peuvent aussi arrêter l’éclairage public à minuit, encourager le compost ou ne plus acheter d’engins municipaux fonctionnant au diesel…
Peuvent-ils aller plus loin, avec des arrêtés anti-pesticides, par exemple ?
M. F. : Sur ce point, il suffit que les services préfectoraux s’y opposent pour que ce soit invalidé, comme en Bretagne…
En fait, les maires sont pressurisés par le haut (les règles de l’État), le bas (les citoyens) et les côtés (les intercommunalités). Depuis 2015, ils prennent en effet leurs décisions par groupe de quarante communes, en moyenne, ce qui les force au compromis. Pour moi, c’est contradictoire avec l’idée de transition écologique, car cela bride leurs initiatives.
Quel est le poids de l’étiquette politique dans l’engagement écologique ?
M. F. : L’écologie traverse les familles politiques. Aujourd’hui, même les maires de droite adhèrent à la piétonnisation des centresvilles. Alors, certes, les maires agriculteurs ne s’engagent pas sur des arrêtés anti-pesticides… mais ils sont très sensibles à l’artificialisation des sols, autre enjeu central. Et comme l’écologie est une vraie priorité réclamée par les citoyens, tous les maires seront jugés sur ce bilan dans six ans. Même si, face à l’urgence, c’est déjà dans trop longtemps.