L’empire du Milieu fait son cinoche
Dur dur, la vie d’acteur. Alors, ce dimanche soir de janvier, lorsque Julia Hacksaff, une jeune comédienne canadienne, est contactée pour un rôle de figurante, elle accepte sans sourciller. Rémunérée 100 dollars les deux heures, elle doit participer au tournage d’une scène de manif, le lendemain matin, devant le tribunal de Vancouver. Le lundi 20 janvier, elle se retrouve donc, avec une douzaine d’autres figurant·es, à agiter les pancartes remises par l’équipe : « Libérez Mme Meng, justice équitable », ou encore : « Trump, arrête de nous tyranniser »… Quand un journaliste vient l’interviewer, elle commence à se poser sérieusement des questions… Et se rend compte que personne n’a jamais dit « Action ! »
« Quand je me suis rendu compte que tout était “trop réel” et que de plus en plus de journalistes venaient vers moi, j’ai su que je devais sortir », racontera Julia Hacksaff, deux jours plus tard, dénonçant « une sale arnaque ». Car, en guise de film, ces figurant·es ont été embauché·es, à leur insu, pour une manifestation de soutien à Meng Whanzou, l’une des directrices de la marque de téléphonie Huawei en délicatesse avec la justice américaine. Un coup de théâtre dont, étrangement, on ne connaît toujours pas les scénaristes : la diplomatie chinoise a refusé de répondre à la presse et le groupe Huawei, lui, a démenti toute implication dans cette vraie fausse manif. C’est ça, la magie du cinéma.