UNE FAMILLE PRESQUE PARFAITE
Un homme qui découvre, à la faveur d’un test sanguin, qu’il n’est pas le père de son fils. L’argument n’est pas nouveau, c’est vrai. Mais un premier film, Un fils, qui manie suspense et drame familial avec dextérité et sait relier l’intime au politique, ça c’est beaucoup plus rare. Voire tout à fait emballant.
Septembre 2011 dans le Sud tunisien, au lendemain du Printemps arabe. Un cadre incertain, chaotique, qui accueille justement Meriem et Farès, ses protagonistes, lors d’un week-end sous tension. Beaux, riches et parents d’un garçon adorable, ils donnent l’image d’une famille parfaite au départ. Pourtant, lorsque leur Range Rover est assaillie par un groupe terroriste et que leur fils est grièvement blessé, tout bascule. Tandis qu’ils attendent une greffe pour leur enfant, dans l’enceinte confinée de l’hôpital de Tataouine, un secret ancien va ainsi remonter à la surface… via le fameux test sanguin.
Et c’est alors que le récit de Mehdi M. Barsaoui se transforme en un huis clos audacieux et prenant. D’abord parce qu’il interroge de façon très incarnée plusieurs thématiques fondamentales (la paternité, le lien du sang, mais aussi les droits des femmes et le poids de la religion). De belle facture, toujours au plus près de ses personnages, la réalisation capte avec pudeur les différentes émotions traversées par Meriem (culpabilité, inquiétude, humiliation) et Farès (colère, rejet, impuissance). Ensuite parce que le charisme et l’engagement des deux comédiens, Najla Ben Abdallah et Sami Bouajila, sont impressionnants (le deuxième a d’ailleurs reçu un prix d’interprétation à la
Mostra de Venise). Et enfin parce que les mutations complexes de ce couple – et son émancipation douloureuse – résonnent finement avec celles de la Tunisie actuelle. Un fils, de Mehdi M. Barsaoui. Sortie le 11 mars.