Eh ben, foi de

Causette, on en aura vécu des choses ensemble ! Des drames qui nous ont réuni·es, en larmes, quand on était Charlie, de belles envolées rageuses mais libératrices, quand on signait #MeToo, des grandes manifs lilas, chaleureuses, quand on n’était pas encore matraqué·es.

On a collé ensemble, sur les murs, des feuilles blanches et des mots durs. On a porté des gilets jaunes, des écharpes violettes, protesté en jetant à terre nos blouses d’infirmière ou nos robes d’avocate… Et voilà qu’on embarque, masquées, dans une nouvelle aventure, totalement inconnue, le confinement.

Moi, vous me connaissez, rien ne m’abat bien longtemps. Et si je pense à toutes celles et ceux, parmi vous, qui ont ou qui vont souffrir de cet avide Covid-19, je ne peux pas m’empêcher de penser aussi que, peut-être, des choses positives vont sortir de cette étrange période. On va se refaire une vie intérieure. On va, j’espère, se rapprocher virtuellement les un·es des autres. Prendre des nouvelles. Prendre soin des liens qui nous unissent et dont on a l’occasion, là, tout de suite, d’éprouver l’importance. L’essentialité, même.

Certain·es vont reconsidérer à leur juste valeur les services publics, debout dans la tourmente, et des professions méprisées facilement : soignant·es, profs, postier·ères, chercheur·euses, cheminot·es… aujourd’hui réquisitionné·es.

Bon, on va s’emmerder à la maison aussi, ça c’est sûr. Les échanges IRL, les poignées de main, les bises et tous ces tripotages délicieusement contagieux vont nous manquer de plus en plus. Et à la sortie, on aura bien envie de mélanger fougueusement nos pathologies, je vous le dis. En attendant, on va communiquer allègrement, avec tous nos beaux réseaux et leur viralité toute safe.

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Prenez soin de vous, je ne vous embrasse pas, mais mon coeur de papier y est, tout entier. U