3 questions à… Raphaël Glucksmann
Raphaël Glucksmann, député européen Place publique et défenseur d’une politique européenne de l’asile.
Causette :
À la suite des flux de migrant·es vers la Grèce après l’ouverture de la frontière turque, l’Union européenne propose aux réfugié·es arrivé·es avant le 1er janvier une aide au retour de 2 000 euros. Qu’en pensez-vous ?
Raphaël Glucksmann : Cette proposition ne correspond pas à la gravité de la crise et ne peut pas valoir pour ceux qui cherchent l’asile politique, comme les Syriens qui fuient les bombes d’al-Assad et de Poutine et l’offensive sur Idlib*. Ce ne sont pas des migrants économiques, ils n’accepteront pas de retourner dans leur pays pour 2 000 euros !
Sept pays membres ont déclaré vouloir héberger 1 600 mineur·es réfugié·es en Grèce. Est-ce suffisant ?
R. G. : Ce n’est pas du tout au niveau, car il faut que tous les États participent et qu’on prenne en charge toutes ces personnes. Ce qui n’est pas gérable à l’échelle d’une île grecque l’est complètement à l’échelle d’un continent de 500 millions d’habitants. C’est tout de même un premier pas et c’est mieux que d’envoyer son armée tirer sur des exilés. Je rappelle qu’un jeune homme de 22 ans, Mohamed al-Arab, qui avait fui Alep, a été tué le 2 mars d’une balle en caoutchouc par l’armée grecque.
Cet épisode a été vite oublié…
R. G. : Nous avons perdu notre capacité d’indignation collective. Pourtant, nous sommes collectivement responsables de ce désastre humanitaire, car le système actuel fait peser tout le poids migratoire sur les pays d’entrée, et donc, à un moment, ça explose. Avec d’autres députés européens de gauche, nous continuerons à nous battre pour faire naître une politique commune de l’asile. Ce sont les gouvernements des États membres qui bloquent ce projet.
* L’offensive sur Idlib (Syrie) a entraîné un million de déplacé·es à la frontière turque, puis le chantage d’Erdogan.