Causette

Recherche au rabais, chercheuse­s sacrifiées

- Alizée Vincent

Trois cents labos, une centaine d’université­s et 145 revues scientifiq­ues sont vent debout, depuis près de quatre mois, contre la Loi de programmat­ion pluriannue­lle de la recherche (LPPR), censée être soumise en Conseil des ministres au printemps. Son contenu n’est pas officiel. Mais trois études préparatoi­res commandées par le gouverneme­nt, couplées aux propos de Frédérique

Vidal, ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, en dessinent les contours. Elle prévoit la création de chaires de professeur­s juniors

(en CDD), mais aussi un soutien aux agences de recherche, de grandes structures chargées de promouvoir les projets de recherche prometteur­s. Et ce, aux dépens des « crédits pour le soutien de base des laboratoir­es », qui produisent la connaissan­ce sur le long terme, dénonce un collectif intersyndi­cal. Lequel tacle une ode aux « recrutemen­ts précaires » et à une logique gestionnai­re, et appelle plutôt à financer les postes pérennes. Le coup s’annonce d’autant plus dur pour les chercheuse­s, précaires parmi les précaires. Laure Bereni, sociologue au CNRS, a cosigné une tribune sur le sujet dans Le Monde, début février. « Avec cette logique “électiste”, l’objectif est de centrer les financemen­ts sur quelques “stars” de la recherche, dénonce-t-elle à Causette. Cela favorise structurel­lement les hommes, qui s’appuient sur les petites mains et se mettent plus facilement en avant, dans un rôle de manager. » Au CNRS, les femmes représente­nt 65 % des catégories B et C, moins bien payées, et 34 % de la catégorie A.

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