Very Bad Mother : le festival des parents terribles
C’est le rendez-vous à ne pas rater pendant le week-end de Pâques. Enfin une manifestation ouverte à toutes celles et ceux qui en ont ras-le-bol des injonctions à la parentalité, hétéronormée, ça va de soi… Alléluia !
Après les festivals Clitorik, Bois mes règles et Apostazik, Lou Millour et sa bande organisent le Very Bad Mother Festival les 11 et 12 avril, à Concarneau (Finistère). Lou Millour est directrice d’une radio associative en Bretagne, militante écolo et féministe. Avec ses comparses de lutte, elle porte cet événement comme une réponse politique à la Manif pour tous, qui entend imposer à tous et toutes un modèle familial unique. Ici, ce sont bien les parentalités dans leur pluralité qui seront à l’honneur pendant deux jours.
Mise en bouche avec Lou Millour.
Causette :
Comment vous est venue cette idée de festival ?
Lou Millour : En tant que maman de deux enfants et maman jeune [elle a eu son fils à 20 ans, ndlr], j’ai subi, comme de nombreuses femmes, du mother shaming*. Quand ça ne venait pas de mon monde, ça ne me dérangeait pas trop. Mais il y a deux ans, dans un collectif féministe, j’ai été traitée de mauvaise mère par une camarade. Ça a été le choc. J’ai alors compris qu’en fait ces injonctions sociétales sur la parentalité sont présentes dans toutes les couches : même chez les esprits de gauche, même chez ceux qui déconstruisent. Du coup, je me suis réveillée un matin en me disant Very Bad Mother, ce sera ça le thème du prochain festival.
On y parlera de quoi ?
L. M. : Le programme est riche ! Nous allons aborder une quinzaine de thèmes, en petits groupes l’après-midi, puis en collectif en fin de journée. C’est un festival coconstruit avec les intervenant·es, souvent on porte nous-mêmes les problématiques : maman solo, maman lesbienne, contraception masculine… Par exemple, certains parents transgenres organisent des discussions parents-enfants, d’autres un atelier BD. On va aussi évoquer l’importance du collectif dans l’éducation afin de proposer des solutions, notamment pour que les mères ne soient pas exclues des univers festifs, militants ou autre parce qu’elles éduquent leurs enfants. Le samedi soir est consacré aux violences policières, sociales et juridiques. Geneviève Bernanos et les femmes en lutte du 93 interviendront notamment. L’idée est de faire des ponts entre les combats : femmes de banlieue, femmes de villages ruraux…, de décentraliser des grandes villes ces débats et interrogations qui concernent tout le monde.
Justement, qui peut venir ?
L. M. : C’est un festival mixte, certaines interventions seront traduites pour les sourds, il y aura un système de garde d’enfants, des hommes, des punks, des Noires… On aura à la fois Ovidie et Charlotte Bienaimé, ainsi que des anonymes engagés sur ces questions-là. C’est un rendez-vous pédagogique qui n’est pas réservé aux personnes qui ont déjà tout déconstruit. C’est un espace pour planter des idées, grandir et rigoler. C’est un moment de catharsis, on profite de parler des choses importantes tout en faisant la fête. Avec, évidemment, une touche de breton et quelques surprises…
* Le mother shaming est le fait de dénigrer la façon dont les mères éduquent leurs enfants.