LE FOOTAGE DE GUEULE CONTINUE
En matière de discrimination salariale, voilà une excuse qui ne manque pas de panache. D’après les avocat·es de la Fédération américaine de football, si les footballeuses américaines gagnent moins que leurs confrères, c’est à cause des fans des équipes masculines adverses, surtout quand ils sont mexicains. Pardon ? Vous avez bien lu : il existerait, selon les avocat·es, une prise de risque pour les footballeurs mâles en déplacement vers des contrées sauvages – les Mexicains apprécieront. « L’hostilité des fans des équipes adverses que subit l’équipe masculine lors des matchs à l’international, particulièrement au Mexique et en Amérique centrale, n’a aucun équivalent avec ce que vit l’équipe féminine quand elle essaie de se qualifier à un tournoi important », ont osé affirmer huit avocat·es dans un document de défense envoyé au tribunal fédéral de Californie.
Engluée dans un bras de fer salarial avec ses footballeuses, championnes du monde en titre, la Fédération a choisi la tactique de la mauvaise foi décontractée dans l’attente du procès qui se tiendra au printemps. Il faut un certain aplomb misogyne pour formuler les choses de la sorte : généralement, l’équipe féminine américaine de foot « n’essaie pas » de se qualifier : elle le fait et écrase ses concurrentes – quatre fois championne du monde et quatre fois médaillée d’or sur les six derniers jeux Olympiques. Pas de quoi ébranler les avocat·es, qui enfoncent le clou dans le document fuité en arguant que les joueurs masculins portent plus de « responsabilités » que leurs soeurs de ballon rond, eu égard aux chiffres des audiences télé.
En réponse, les joueuses, menées par la mégastar de l’équipe Megan Rapinoe, ont choisi d’arborer leur maillot retourné afin de masquer l’écusson de la Fédération américaine, lors de leur dernier match de la SheBelieves Cup… qu’elles ont gagnée. Quant au président de la Fédé, pas très à l’aise dans ses crampons à la suite de cette grossière erreur de la défense, il a présenté sa démission le 13 mars.
Faire feu de tout bois est un art dans lequel certains excellent. Comme ce mystérieux groupe de développeurs, qui a créé le CoronaCoin, une monnaie virtuelle tablant sur le nombre de décès liés au coronavirus pour enrichir les personnes qui auraient investi dedans. À la création du CoronaCoin, ses concepteurs ont émis « 7 604 953 650 » milliards d’unités de la monnaie, des « tokens » correspondant au nombre d’êtres humains sur Terre au moment de l’apparition du virus. N’importe qui peut en acheter, et à chaque fois qu’une personne meurt du corona, une unité est retirée, donnant ainsi plus de valeur à celles détenues par les acheteurs.
Un peu glauque ? Sur le site du CoronaCoin, il est indiqué que 20 % des ventes seraient remis à la Croix-Rouge… Sauf que nos apprentis rois de la finance appliquée à la pandémie ont laissé derrière eux une discussion sur un forum en ligne, révélant leur cynisme : « Si les gens pensent qu’acheter et détenir cette monnaie va aider à trouver un remède plus vite, ça va nous porter jusqu’à la Lune. » Très bon esprit.