TÉLÉSURVEILLÉ·ES ET HOP, TÉLÉVIRÉ·ES !
En cette déstabilisante période de télétravail, les entreprises les plus à la pointe de la techno ont offert un florilège de solutions aux patron·nes voulant maximiser la sérénité de leurs employé·es. Pour éviter de barber vos troupes avec votre difficile situation économique et leur épargner tout le bla-bla procédural, faites comme Bird, qui propose des trottinettes en libre-service : virez-les sans crier gare, collectivement, en visioconférence ! C’est de cette manière que la start-up californienne a annoncé leur licenciement à 406 personnes (simultanément, donc), fin mars. Le message était, en plus, diffusé par une voix robotique préenregistrée et non celle d’un·e « n+1 ». On recommande là encore la méthode. Une façon de prouver que vous appliquez les règles d’égalité les plus strictes.
Veillez à ne pas oppresser les équipes qui restent en envoyant trop de mails. Optez plutôt pour l’option Big Brother : les convaincre d’installer une appli de vidéo spécifique pour surveiller le travail en direct. Comme Sneek, qui peut se connecter à leurs webcams, les photographier à intervalles réguliers et vous partager un « mur des visages » (une compil photo d’eux en train de bosser). Sinon, imposez n’importe quel logiciel contenant l’option « always on ». Dans ce cas, la webcam tourne en continu, comme si vous étiez en réunion à l’infini ! Avec l’argument « c’est plus simple pour parler », ça devrait passer crème. D’après le Los Angeles Times, la surveillance sur les salarié·es est une vraie tendance, « parfaitement légale » tant que l’employeur « le divulgue », précise le journal. Au pire, beaucoup se justifient en avançant que « la surveillance limite les risques de faille sécuritaire ». Orwell, si tu nous entends...
Pour un peu, on serait passé à côté : mi-février, l’académie Goncourt a adoubé ses nouveaux membres, l’écrivaine Camille Laurens et l’essayiste Pascal Bruckner. C’est qu’il fallait pallier les départs de Bernard Pivot et de Virginie Despentes, qui ont démissionné cet hiver. Alors, quitte à renouveler l’institution, autant miser sur une figure iconoclaste. Et pour ça, quel meilleur candidat que Pascal Bruckner ?
Le fier représentant de la vieille élite germanopratine, qui prépare un nouveau livre sur le « bouc émissaire blanc », n’a pas seulement le mérite de pourfendre le « néoféminisme », les luttes des minorités ou la « dangereuse propagande » de Greta Thunberg. Défenseur invétéré de Roman Polanski, il en a aussi après #MeToo, Adèle Haenel et… Virginie Despentes. De plus, apprend-on dans un récent article du Monde, l’homme est bon vivant – un élément apparemment décisif pour ceux qui l’ont introduit à l’académie. Rien que pour ça, ça valait le coup de remplacer une Despentes par un Bruckner, non ?