Confiné·es du Loft : toutes nos confuses !
TOUTES NOS CONFUSES !
Loana, Jean-Édouard, Afida, Kamel… Le temps est venu de faire les comptes et donc, en toute logique, d’implorer votre pardon. Quand vous avez débarqué sur nos petits écrans, il y a presque vingt ans, dans Loft Story, c’est peu dire que nous vous avons ri au nez, quand bien même, en voyeur·ses non assumé·es, nous étions nombreux·ses à vous mater secrètement en faisant croire aux autres qu’on relisait La Recherche (celle de Marcel, bien entendu). Vous, petits hamsters en cage, qui tourniez en rond. Deux décennies plus tard, c’est nous qui sommes fait·es comme des rat·es. Et, y a pas à tortiller, notre quotidien confiné nous fait reconsidérer votre aventure.
On vous trouvait pathétiques de vous exposer ainsi devant les caméras, mais nous avons passé les dernières semaines à scruter nos moindres faits et gestes – la naissance d’un poil incarné, une germination de lentille, l’apparition d’un cheveu blanc – pour le raconter instantanément au reste du monde sur les réseaux sociaux. Car il n’y a pas de petite satisfaction en temps de cloisonnement. Pardon, donc, de vous avoir trouvé·es futiles alors que, marchant dans les pas d’Horace, vous n’étiez, finalement, que carpe diem.
Vos célèbres clashs, qu’on regardait jadis avec stupéfaction, nous les considérons aujourd’hui avec empathie étant donné qu’à J+4, on pétait déjà un violent câble pour une casserole mal essuyée, un feutre mal rebouché, sans parler des remarques déplacées. Les prises de bec de quatre heures au sujet d’un coton-tige qui traîne nous semblent tout ce qu’il y a de plus normal. Sauf qu’on n’a ni Didier Destal – feu le célèbre psy du Loft – pour vider notre sac, ni confessionnal pour bitcher sur chacun des membres de notre famille ou des autres humains qui nous accompagnent dans cette galère. Astuce pour les plus atteint·es d’entre nous, il est toujours possible de s’enfermer dans les toilettes à double tour une petite demi-heure par jour pour se confier à son dictaphone dans une perspective de déversement salutaire. Marche aussi en période de non-confinement.
Laure, Kenza, Steevy, soyez miséricordieux. Nous avons moqué sans vergogne vos accoutrements improbables quand nous n’avons pas quitté notre bas de pyjama pendant des semaines. À l’exception de légères incartades pour sortir les poubelles en déguisement « Reine des neiges ». Les plus audacieux·ses ont commencé une cure de sébum ou se sont coupé les cheveux seul·es, par ennui ou amour du risque. Grosse tendance « coupe mulet » à prévoir à la sortie.
Vos comportements, parfois extrêmes, nous rendaient perplexes. On comprend aujourd’hui que vous combattiez l’ennui avec créativité. On se moquait de vos activités futiles : concours farfelus, soirées déguisées, jeux improbables… Alors que compter le nombre de pâtes dans le paquet nous semble le sommet du fun et qu’on considère avoir passé une soirée d’éclate totale après avoir revisionné nos vidéos de teuf passées, stockées sur notre disque dur. Et puis, disons-le, qu’est-ce qu’on donnerait pas pour un coup de reins de Jean-Édouard dans la piscine et/ou une pelle à Loana ? Pitié, enfermez-nous dans un studio surchauffé à la Plaine-Saint-Denis ! Ce sera toujours plus marrant que le confinement.