LOLA LAFON
VARIATION LA SUR PRÉDATION
Avec Chavirer, Lola Lafon poursuit son oeuvre profondément littéraire et féministe. Après avoir donné une voix à Nadia Comaneci, la gymnaste roumaine devenue mythe planétaire, dans La petite communiste qui ne souriait jamais, puis à Patty Hearst dans Mercy, Mary, Patty, l’écrivaine – plus en phase que jamais avec son époque – nous plonge cette fois dans le milieu de la danse. Et tous les abus qui peuvent aller avec. C’est tout un système que l’autrice décortique au travers de personnages qui, on le découvrira au fur et à mesure, ont tous traversé la vie de Cléo, le personnage principal de ce livre aussi poignant que haletant. On la découvre d’abord collégienne de 13 ans qui se prend de passion pour la danse. Repérée par la recruteuse d’une mystérieuse fondation de « soutien » aux adolescentes qui présentent « des capacités ou des projets exceptionnels », elle est prise. Au(x) piège(s). Des « jurés » de ladite fondation. De son époque (les paillettes des années 1980). Des changements de son corps. Chavirer raconte la prédation des adultes sur les enfants et en particulier sur les jeunes filles. On pense aussi bien à l’affaire Epstein qu’aux scandales dans le milieu du patinage artistique. Étalée sur près de trente ans, cette histoire vous plongera dans la vie et la carrière de Cléo et des personnages qui ont jalonné sa vie. Comme dans les coulisses des émissions de télé de variétés des années 1980 et des revues parisiennes… Jusqu’au moment où se posera la question de la vengeance, de l’impossible pardon, de l’oubli ou du déni, autres points cardinaux de ce récit.
UChavirer, de Lola Lafon. Éd. Actes Sud, 352 pages, 20,50 euros.