DÉSOBÉIR, DIT-ELLE
Droite dans ses bottes, comme son héroïne, cette variation contemporaine d’Antigone s’inscrit dans une actualité brûlante ! La force de frappe de ce « petit » film québécois, primé au prestigieux Festival de Toronto, n’en est que plus redoutable.
Transposant la tragédie grecque de Sophocle (écrite en 441 av. J.-C.) dans le Canada d’aujourd’hui, la réalisatrice Sophie Deraspe nous raconte le parcours fougueux d’Antigone, jeune fille d’origine kabyle qui vit à Montréal avec sa grand-mère, sa soeur et ses deux frères. Une ado presque comme les autres… jusqu’au jour où son aîné, Étéocle, est abattu par un policier trop nerveux tandis que son cadet, Polynice, dealer sans envergure, est arrêté et menacé d’expulsion du territoire. C’est alors qu’Antigone, au nom de l’amour et de la solidarité, décide d’aider son plus jeune frère à sortir de prison en prenant sa place. D’une loyauté indéfectible, elle tiendra tête aux policiers, aux juges et aux politiques, pendant qu’au-dehors les réseaux sociaux prendront fait et cause pour elle.
Attention, cette nouvelle adaptation ne se contente pas d’être astucieuse (les médias prennent ici le relais du choeur antique), dynamique (sa mise en scène est ponctuée de slogans et de clips) ou sensible (la performance de Nahéma Ricci dans le rôle-titre est exceptionnelle) ! Elle est également percutante.
Car, à travers le combat d’Antigone, c’est bien l’esprit de résistance d’une jeunesse planétaire qui résonne. Une jeunesse éprise de vérité et de justice, qui manifeste ici et là contre le racisme et les violences policières. Difficile, ainsi, de ne pas relier la démarche de cette Antigone québécoise à celle d’Assa Traoré en France…