IRRADIÉES INVISIBLES
Si vous lisez Causette régulièrement, vous connaissez sans doute l’histoire des « Radium Girls » (voir La Foirfouille de l’Histoire du no 104). Le surnom qu’on donnait aux ouvrières de l’United State Radium Corporation, une usine du New Jersey qui, dans les années 1920, fournissait l’armée en montres.
Des montres de grande qualité dont il fallait peindre le cadran à l’aide de la peinture Undark, une substance luminescente très coûteuse, mais surtout très toxique. Pour l’appliquer, les ouvrières devaient humidifier avec leur bouche le pinceau qu’elles trempaient dans la peinture. Et s’empoisonnaient. Au départ, les jeunes femmes constatent que, la nuit, elles brillent dans l’obscurité. On les surnomme même les « Ghost Girls ». Et elles sont les premières à s’en amuser. Se peignant parfois les ongles et les dents pour rire à la nuit tombée. Sauf que, petit à petit, elles tombent toutes malades, perdent leurs dents, souffrent de douleurs dans les pieds et dans le dos, d’anémie, de fractures, voire de tumeurs. Certaines meurent. C’est l’histoire d’une classe et d’un genre sacrifié sur l’autel du capitalisme et du patriarcat que raconte en dessin la graphiste, illustratrice et bédéiste, Cy – Cyrielle Évrard, de son vrai nom, bien connue des lectrices de Madmoizelle.com par lequel elle est passée. Un ouvrage aux tons pastel et au trait vif, entièrement réalisé au crayon de couleur, d’une grande délicatesse.
Radium Girls, de Cy. Éd. Glénat, 136 pages, 22 euros.