Prime Covid, y en aura pas pour tout le monde
Il faut toujours se méfier des belles annonces. En déplacement à Toulon (Var) début août, Emmanuel Macron a promis qu’un budget de
160 millions d’euros serait débloqué pour l’octroi d’une prime exceptionnelle versée aux auxiliaires de vie et pouvant aller jusqu’à 1000 euros. Il était temps que ça arrive pour ces 320000 professionnelles de l’accompagnement à domicile, secteur composé à 97 % de femmes, qui ont été les grandes oubliées de la crise liée au Covid-19. Pourtant, beaucoup d’entre elles risquent de déchanter.
La prime ne sera versée qu’au prorata des heures travaillées. Or, dans ce secteur où le temps partiel subi domine, les contrats moyens oscillent entre dix heures et une centaine d’heures par mois. Mais c’est surtout la mécanique de financement qui pose problème. L’enveloppe brandie par le président de la République est répartie par moitié entre l’État et les conseils départementaux, chargés de la dépendance. Certains ont déjà annoncé qu’ils n’en avaient pas les moyens. « Quand on promet quelque chose, on se débrouille pour assumer, s’agace Christine Téqui, présidente PS du conseil départemental de l’Ariège. En plus, c’est pervers, car l’État ne versera sa part que si les conseils départementaux s’engagent à payer. » Pour le moment, une trentaine de départements semblent prêts à débloquer l’argent. « Selon où elles habitent, certaines toucheront quelque chose et d’autres non. Comment voulezvous qu’elles se sentent considérées ? » s’interroge Valérie Lambert, de la CGT services à la personne de la Sarthe, un département où la prime ne devrait pas être versée. Avec des salaires moyens inférieurs au Smic, la profession a bien besoin d’un coup de pouce… et d’une vraie revalorisation salariale. Un projet de loi Autonomie serait prévu pour l’automne.