Mathilde Larrère
Historienne des révolutions et de la citoyenneté, et écrivaine*
« Dans toute l’histoire du féminisme, les femmes ont toujours été considérées par leurs détracteurs comme radicales. Croire que cette radicalité des lignes politiques ou des méthodes est nouvelle dans le combat des militantes, c’est redécouvrir l’eau tiède. Pendant la Révolution, les femmes avaient le droit de se réunir en associations et ont formé des clubs non mixtes. Mais à partir de 1793, certains ont été interdits. Les femmes ont donc continué de se réunir en toute illégalité. Les suffragettes, dont on ne retient que les actions pacifiques, ont cassé des vitrines. Dès 1880, on trouvait des graffitis “À bas le Code civil”. Les féministes se sont de tout temps battues sur tous les tableaux – liberté de disposer de son corps, lutte contre les violences sexuelles… Les mécaniques du backlash
qu’elles ont systématiquement subi en retour sont, elles aussi, toujours les mêmes. Déjà, dans les années 1970, le journaliste Jean Cau écrivait que les femmes du MLF étaient des “moches”
et des ”mal baisées”.»
* Rage against the machisme. Éditions du Détour. Sortie le 27 août.
“Si l’on parle des méthodes radicales des néoféministes, ce n’est pas, selon moi, la bonne façon de combattre”
Belinda Cannone, autrice féministe