JOYAU ART DÉCO
Aussi beau qu’un chef-d’oeuvre art déco, aussi hypnotique qu’un tableau de Klimt, aussi délicat qu’un bijou ancien et sensuel comme l’un des écrits érotiques de l’écrivaine dont il est question, Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, de Léonie Bischoff, est l’une des perles de la rentrée. Manifestement fascinée par son sujet, l’autrice de bandes dessinées suisse parvient, grâce à la fluidité de son trait et à son choix de couleurs chatoyantes, à traduire visuellement l’incandescence d’Anaïs Nin, écrivaine sulfureuse, l’une des premières – outre une oeuvre foisonnante dont de fameux journaux intimes, des poèmes et des essais – à produire de la littérature érotique. L’autrice retrace la vie non conventionnelle de cette personnalité hors normes : sa bisexualité, son rapport ambivalent à son époux, Hugo, ses multiples aventures tant intellectuelles que sexuelles avec Henry Miller et son épouse, June, son professeur de flamenco, son cousin, son psychanalyste et – poussant l’amoralité dans ses retranchements – l’inceste « consenti » qu’elle aurait entretenu avec son propre père (les biographes s’interrogent encore sur la nature réelle de cette relation qui relèverait peut-être plutôt du fantasme).
Une splendide plongée dessinée dans la psyché complexe et torturée de cette artiste majeure.
Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, de Léonie Bischoff. Éd. Casterman, 192 pages, 23,50 euros.