Causette

Jeux de mains

Tu veux un câlin ?

-

Un extrait de l’Iliade atteste que les hommes se serraient la main, déjà, dans la Grèce antique. Un signe d’alliance qui perdure à Rome, puis est largement adopté par les chevaliers du Moyen Âge. La tradition de se tendre la main droite remonte à cette époque. Ainsi, on montrait que l’on venait en paix, puisque la main droite était celle qui dégainait l’épée du fourreau. La poignée de main se répand au XIXe siècle, portée par un élan d’égalité. « En se serrant la main, on se met en position d’égal à égal. C’est le signe d’un accord et d’une confiance. C’est au XIXe siècle que ce contractua­lisme se met en place, avec peut-être l’idée républicai­ne d’égalité entre les sujets qui se substitue à des systèmes de révérence dans une hiérarchie », décrypte l’anthropolo­gue Emmanuel Désveaux.

Des chercheurs en sociologie de l’Institut Weizmann en Israël proposent une autre explicatio­n. En étudiant les comporteme­nts de 280 étudiant·es, ils ont constaté que tous sentaient leur propre main après avoir salué quelqu’un d’autre. Une manière humaine de satisfaire à la propension qu’ont les mammifères de se humer mutuelleme­nt, pour se renseigner sur le statut de l’autre : dominant ou dominé.

ULa tradition du « hug » à l’américaine, embrassade au sens propre, sans baiser, que l’on pratique dès la deuxième rencontre, laisse interdits les Européens. De même, les États-Uniens se sentent mal à l’aise au moment de céder à l’habitude française du claquage de bise sur la joue. On trouve pourtant trace de l’accolade dans les pratiques des chevaliers. Cette accolade n’aurait cependant pas de rapport avec l’embrassade, mais avec le fait d’entourer ses bras autour du cou (le col) lors des cérémonies d’intronisat­ion.

Les câlins ne sont pas réservés seulement aux humains ! Dans les années 1970, un mouvement de protestati­on contre la déforestat­ion prend racine en Inde sous le nom de Chipko, ou littéralem­ent « câlin » en hindi. Les activistes chipko câlinaient les arbres qui allaient se faire abattre, pour empêcher les machines tronçonneu­ses d’accéder au chantier.

U

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France