Les cocus du Covid
Depuis bientôt un an, entre peur de la maladie et isolements successifs, il a fallu s’adapter. Dans ces conditions particulières, comment s’organisent celles et ceux qui sont infidèles ? Ils et elles ont choisi de se confier, en toute intimité.
« Le marché de l’infidélité ne connaît pas la crise, » affirme Solène Paillet, directrice de communication du site de rencontres extra-conjugales Gleeden. Et pour cause, au mois de mars, alors que nous étions confiné·es, le nombre d’inscriptions sur le site bondit : + 170 % par rapport à mars 2019. La communauté atteint 7,5 millions de personnes, dont 3 millions en France ! La fréquentation du site a elle aussi explosé avec une hausse de 230 % le même mois, avec une moyenne de 2 heures 30 passées sur le site quotidiennement.
Mais comment font celles et ceux qui cherchent ou vivent une aventure tout en étant enfermé·es avec leur moitié ? Chris*, habitant en région parisienne et marié pour la deuxième fois, entretient des relations extra-conjugales pour « lutter contre une certaine monotonie ». La dernière en date a débuté juste avant le confinement de novembre. « C’est vrai que ça oblige à se réinventer, car, d’habitude, on se voit rapidement. Mais là, il faut faire preuve d’imagination, en espérant que la maîtresse tienne jusqu’au moment où on aura le droit de se voir! » Et ça tombe bien, car
“Là, il faut faire preuve d’imagination, en espérant que la maîtresse tienne jusqu’au moment où on aura le droit de se voir !” Chris, 40 ans
d’arrêter une relation entière pour un lien avec une autre personne. »
Parenthèses en série
Dans la vie de Julie aussi, le Covid s’est faufilé. C’est une fille solaire que l’on croirait sortie d’Instagram. À moins de trente ans, elle a gardé un sourire enfantin et un style aussi maîtrisé que son coup de pinceau. Cette maquilleuse dans le Sud-Ouest aime boire du rosé en terrasse, souvent avec Hugo, qui partage sa vie depuis trois ans. Avant d’être confinée, Julie entretenait depuis un an une relation secrète avec Tom, son amant. Mais le confinement a tout mis entre parenthèses. Fini les rendez-vous clandestins en soirée, les textos qui l’obligent à cacher son téléphone. « C’est drôle, mais à ce momentlà, j’ai tout donné pour mon couple. Ne plus pouvoir voir personne nous a rapprochés et a renforcé nos liens. Je suis sortie de là déterminée à ce que ça marche entre nous. Tom ne me manquait pas du tout et on n’a même pas cherché à s’écrire. » Sauf que dès la sortie du confinement, comme une bulle qui exploserait, Julie fait la fête et retrouve son amant. « Je le voyais tous les deux jours ! C’était ouf, on s’est rendu compte qu’on s’était trop manqué », conclut-elle. Depuis, elle a rompu avec Hugo, la vie a repris son cours et elle a « revu ses attentes à la hausse ». Le « charme du confinement » s’est évanoui. Mais elle a aussi cessé de fréquenter son amant. Cette période l’a amenée à se questionner sur sa vie et l’envie de faire place nette s’est imposée. Le deuxième confinement l’a donc cueillie en solo chez elle, sauf pour quelques aventures nocturnes, car se retrouver seule, confie-t-elle, « ce n’est pas évident ».
“Cette période où nos déplacements sont limités donne envie de prendre des risques ” Izaak, 19 ans
* Les prénoms ont été modifiés.
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