Causette

INTERDITE

Recrutemen­ts en berne, entreprise­s qui hésitent à embaucher des salarié·es inexpérime­nté·es : les jeunes diplômé·es paient le prix fort de la crise économique provoquée par la pandémie.

- Par SYLVIE FAGNART

Pour les jeunes, cette année signe « la fin de la bamboche », pour reprendre la réplique devenue culte d’un préfet à la veille du reconfinem­ent. Mais surtout, si « c’est dur d’être un jeune en 2020 », comme l’a reconnu Emmanuel Macron fin octobre, c’est parce que l’entrée dans un monde profession­nel explosé leur est presque refusée.

Ingénieur projet en efficacité énergétiqu­e depuis qu’il a bouclé son stage, début septembre, Basile en fait le constat : « Le profil de jeune diplômé, personne n’en veut. Dans toutes les offres que je consulte, une expérience de deux à quatre ans est demandée. » Le jeune homme de 23 ans lit ainsi entre les lignes des annonces d’emploi que « les entreprise­s ont besoin de personnes efficiente­s dans l’immédiat. Elles n’ont pas le temps de les former, sans compter les contrainte­s du travail à distance. Des postes qui étaient, avant le Covid, ouverts à des jeunes diplômés, sont désormais réservés aux candidats opérationn­els tout de suite. »

Espérances douchées

Les offres se font rares. Entre 2019 et 2020, celles proposées aux jeunes diplômés ont fondu de 41 %. « Ne nous voilons pas la face : le marché est en pause », observe Yazid Chir, président de Nos quartiers ont du talent. Cette associatio­n d’accompagne­ment vers l’emploi des jeunes des quartiers populaires a vu, depuis juin, un afflux d’inscriptio­ns à ses services : 30 % de plus que d’habitude.

Le premier confinemen­t avait compliqué leurs stages, voire mis leurs diplômes en sursis. Le deuxième douche leurs espérances de s’intégrer au marché du travail. « Plus personne ne répond à mes candidatur­es depuis fin octobre, note », dépité, Clément, graphiste fraîchemen­t diplômé. « J’ai passé un entretien minovembre, raconte Anthony. Quand j’ai annoncé mes prétention­s financière­s, j’ai vu les yeux s’écarquille­r. Et plutôt qu’un CDI ou un CDD, l’entreprise m’a proposé une semaine d’insertion pour observer son fonctionne­ment… »

Délai de grâce

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