Causette

Tournez ménages

Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sentimenta­l pour comprendre comment les visions divergente­s de chacun·e n’empêchent pas (toujours) le ménage de tourner. Dans cet épisode, Quentin et Floriane racontent comment il et elle se sont retrouvé·es

- Par ALIZÉE VINCENT

Encore meilleur réchauffé

« Avec Quentin, on se connaît depuis qu’on a 3 ans et demi. Et on s’est suivis jusqu’à nos études, à Grenoble. Petits, on faisait du sport ensemble. Mon père se moquait de moi en disant que c’était mon “grand ami, pas encore petit ami“… On s’est mis ensemble en terminale. Après trois ans, j’ai pris la décision la plus difficile de ma vie : le quitter. Cela correspond­ait au moment du divorce de mes parents, qui m’a beaucoup perturbée. Je trouvais qu’il ne m’avait pas assez soutenue dans cette période difficile. On avait aussi atteint un stade où notre relation n’évoluait pas. C’était un peu enfantin, on était très fusionnels. Il ne l’avait pas vu venir. Sûrement à cause d’un défaut de communicat­ion. On a continué à s’écrire un peu. Puis je suis partie vivre à l’étranger. J’ai coupé les ponts. J’avais besoin de me prouver des choses : j’ai rencontré des garçons, j’ai fait la fête, je me suis libérée… Pendant ce temps, il n’était plus dans mon esprit.

Une fois rentrée, après un an et quelques, c’est moi qui lui ai réécrit. En le voyant, je l’ai trouvé moins poupon, plus indépendan­t. Ça a piqué ma curiosité. On s’est vus de plus en plus souvent, au parc, l’après-midi. Un soir, il m’a invitée chez lui et m’a dit qu’il voulait qu’on se remette ensemble. Au début, je n’étais pas chaude. On s’est mis autour de la table pour discuter : comprendre pourquoi la notion de couple était importante pour lui, pourquoi j’avais plutôt envie d’une relation libre… Il n’y a pas eu de décision. Ni de “bilan“sur notre passé et ce qu’il ne fallait plus faire, ni de culpabilis­ation. Il ne m’a rien reproché. On a vécu cet entre-deux pendant six, sept mois. Je me posais encore quelques questions du type : “Est-ce que cette fois, je pourrai compter sur Quentin dans une période difficile ?“

Un concours de circonstan­ces a fait que plusieurs de mes crushs se sont retrouvés avec Quentin à une soirée. Quand je les ai vus, le choix était clair en mon for intérieur : “C’est Quentin que je veux, je m’en fous du reste.“

Ça fait plus de quatre ans. On vit ensemble et on va se marier. Avant, on savait tout de l’autre. Maintenant, on sait qu’on a des espaces de liberté. Quand on s’était séparés, Quentin m’avait dit qu’il y avait quelque chose de magique entre nous. Le plus beau, c’est de se rendre compte qu’on a su retrouver ça après les épreuves. »

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« On revenait d’une semaine aux Pays-Bas. Le lendemain, en se promenant, elle m’a annoncé qu’elle voulait arrêter. Je m’attendais à tout sauf à ça. Le sujet majeur était la séparation de ses parents. J’avais le sentiment de faire du mieux que je pouvais pour l’aider, mais ce n’était pas assez face aux changement­s radicaux qui se produisaie­nt en elle. La période qui a suivi, quand on se croisait sans se parler, a été assez dégueulass­e. À la rentrée, j’ai décidé de quitter Grenoble pour Genève, histoire de ne pas m’enliser dans le passé. Ça m’a fait du bien.

Quand Floriane a ressurgi, on a dû réapprendr­e à se croiser, sans être ensemble. Elle avait un mec, mais je n’y prêtais pas attention. Puis elle a commencé à me proposer des trucs seuls. Elle est passée chez moi le jour de mon anniversai­re pour me déposer des gâteaux. J’ai trouvé ça bizarre. C’est allé crescendo tout l’été. J’ai appris que sa relation avait foiré. On échangeait de plus en plus de textos. J’ai fini par lui écrire : “J’aimerais qu’on discute“, pour mettre un terme aux faux-semblants. Je lui ai dit : “Je ne suis pas du tout insensible à ta présence, mais sache que je n’ai pas envie d’entrer dans un jeu du chat et de la souris.“On a discuté deux, trois heures. On sentait bien que quelque chose nous attirait. Mais on se demandait si c’était par confort, parce qu’on se connaissai­t si bien. C’est le premier soir où on s’est de nouveau embrassés. Par la suite, on s’écrivait peu. On ne se voyait que le week-end, souvent dehors. T’as conscience que si ça a planté une fois, faut pas que ça plante une deuxième... Cet entre-deux a duré six bons mois. Parfois, il y avait des doutes. Ça a repris progressiv­ement. Il y a eu un week-end à la montagne. Des petits événements comme ça, qui nous ont permis de nous projeter.

Même si on a appris comment construire quelque chose de sérieux, notre lien est aussi de l’ordre de l’intuition. C’est ce qui me fait dire qu’il faut à tout prix éviter les lieux communs du type “Ne jamais se remettre avec son ex“. Ce n’était pas un objectif pour moi, mais à aucun moment, je me suis dit par principe : “Non, Quentin, elle t’a déjà quitté.“Pourquoi fermer la porte à ce qui te rend heureux ? On va se marier en mai prochain. C’est un truc auquel on pensait déjà quand on était petits... Quand je visualise notre chemin, je me dis : “On a été trop forts !“»

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