Causette

Crystal Murray hausse le ton

Le style néo-soul enjôleur de la jeune Franco-Américaine de 19 ans cache un tempéramen­t de rebelle.

- Par JULIEN BORDIER

Elle aurait dû arpenter la scène du festival We Love Green en juin dernier, poursuivre par une tournée d’été et finir l’année en beauté en devenant l’une des révélation­s des Trans musicales de Rennes. Épidémie de Covid oblige, le plan de vol de Crystal Murray en 2020 a été quelque peu perturbé. Une chose est sûre, l’intérêt pour la FrancoAmér­icaine n’est pas près de retomber en 2021.

Il faudra compter en effet sur elle tant le talent de la chanteuse de 19 ans est indéniable. Son premier EP, I Was Wrong, bain de soleil néo-soul, a réchauffé le premier confinemen­t. Pour l’intéressée, ce mini-album est déjà de l’histoire ancienne. Crystal Murray se projette déjà vers la sortie d’un nouvel EP, histoire de brouiller les pistes. « Je veux sortir de la boîte néo-soul-jazz dans laquelle on m’a rangée, prévient-elle. Le prochain mini-album sera plus affirmé. Il prendra une direction, peut-être un peu... choquante. Ce sera plus sec, moins sucré. Je suis comme une enfant rebelle qui ne va pas faire ce qu’on attend d’elle. »

Changer les clichés

le Gucci Gang, dont le sens du style attire sur lnstagram les followers et les marques. Les quatre mousquetai­res en baskets perçoivent vite certains dangers. Elles montent Safe Place, une plateforme d’échanges destinée à donner la parole aux victimes de harcèlemen­t et d’agressions. « Safe Place m’a permis de comprendre ma féminité, le sens de la sororité. Aujourd’hui, je laisse Thaïs Klapisch [la fille du réalisateu­r est aussi sa manageuse, ndlr] s’en occuper. Je suis féministe, mais je suis aussi noire. Étant métisse, je pense que j’ai pris conscience de ma couleur de peau plus tardivemen­t. Dans un prochain morceau intitulé Creeps, je clame “Here’s come the freaks”. Les “freaks”, ce sont les racisés. On peut nous qualifier de “bêtes de foire”, mais c’est nous qui sommes au centre de l’attention. »

À l’instar de sa consoeur belgo-congolaise Lous and The Yakusa, Crystal Murray veut utiliser l’exposition dont elle bénéficie pour désormais aborder le racisme et les sujets qui fâchent. C’est ce qui s’appelle savoir prendre la lumière.

UI Was Wrong, de Crystal Murray. Because Music.

brillant à plus d’un titre. Glowing in the Dark est un astre pop qui illumine dans notre période assombrie. Tourbillon psychédéli­que et synthétiqu­e, Spirals, le premier éclair totalement trippant du quatrième album du quatuor Django Django ressemble à la remise en route d’un manège enchanteur. Ce morceau au refrain fédérateur (« Les connexions entre les êtres humains sont plus fortes que les divisions »), taillé pour la scène, annonce-t-il enfin la sortie des ténèbres ? On connaît le talent des Britanniqu­es pour touiller dans leurs marmites les influences et les styles. Entre surf pop survitamin­ée (Right the Wrongs), cavalcade rockabilly (Got Me Worried), rock lysergique (Waking up, en duo avec Charlotte Gainsbourg), kuduro cosmique (Night of the Buffalo) ou ballade acoustique (The World Will Turn), Django

Django se réinvente en délaissant les vieilles boussoles. Savantes mais jamais snobs, complexes mais toujours légères, les compositio­ns du groupe s’affranchis­sent de la gravité pour mieux nous décoller de la réalité.

Uque Julia Lanoë, alias Rebeka Warrior (Sexy Sushi, Kompromat), et Carla Pallone forment le duo Mansfield. TYA. Ensemble, elles ont tracé une trajectoir­e amère et tendue, passant au fil du temps d’un folk décharné et punk à une électro sépulcrale au romantisme médiéval. Elles sont aujourd’hui les architecte­s de Monument ordinaire, un édifice minimalist­e aux lignes maîtrisées dont la silhouette menaçante baigne dans une brume mélancoliq­ue et lugubre. Au temps de l’Inquisitio­n, les deux artistes auraient certaineme­nt risqué le procès en sorcelleri­e avec leurs ritournell­es aussi troublante­s que fascinante­s.

On entre dans un morceau de

Mansfield.TYA comme on adhère à une mystérieus­e confrérie. En sachant qu’il faudra partager des secrets que l’on emportera un jour dans sa tombe.

UGlowing in the Dark, de Django Django. Because Music. Sortie le 12 février.

Monument ordinaire, de Mansfield.TYA. Wariorecor­ds/ Believe. Sortie le 19 février.

Causette : Comment est né le désir d’écrire ce recueil de témoignage­s de femmes ayant eu recours à l’avortement ?

Sandra Vizzavona : Je savais depuis un moment que j’avais envie d’écrire sur mon premier avortement, vécu dans l’adolescenc­e. Je pressentai­s que la « réparation » passerait par-là. Parallèlem­ent, j’étais très heurtée par le discours populaire que l’on entend trop souvent, selon lequel l’avortement serait nécessaire­ment une grande

Que lui reprochez-vous ?

S. V. : Je lui reproche d’affirmer que l’avortement est toujours un drame et qu’il restera toujours un drame, car cela est faux. Mais je pense qu’elle n’avait pas le choix. Il lui fallait offrir notre souffrance au législateu­r pour qu’il vote sa loi. Déjà, à l’époque, plusieurs femmes avaient affirmé que l’avortement ne leur avait provoqué aucun choc, par exemple Delphine Seyrig, qui a beaucoup milité pour le droit des femmes et qui avait provoqué de vives réactions en disant, lors d’une émission de télévision, qu’il est bien plus traumatisa­nt d’élever des enfants que d’avorter. Cette phrase est malheureus­ement probableme­nt vraie pour nombre de femmes, autre sujet tabou.

UInterrupt­ion, l’avortement par celles qui l’ont vécu, de Sandra Vizzavona. Éd. Stock, 112 pages, 17 euros. Sortie le 3 février.

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