ROYAUME-UNI : PREMIÈRE VICTIME OFFICIELLE
« Si les seuils légaux avaient été respectés, ma fille serait encore en vie. » Depuis le 16 décembre 2020, Rosamund Kissi-Debrah, une enseignante londonienne, doit vivre avec cette idée. Un coroner britannique – officier chargé d’enquêter sur les morts suspectes – a attribué à la pollution de l’air la mort d’Ella, sa petite fille de 9 ans, tuée en 2013 par une crise d’asthme. La famille vivait le long d’une artère saturée par le trafic routier. « Entre 2010 et 2013, [la fillette] a été exposée à des niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines excédant les recommandations de l’OMS, a conclu l’enquête. Il y a eu un échec à réduire les niveaux de NO2 [dioxyde d’azote, ndlr] aux limites de l’Union européenne et des lois nationales qui a probablement contribué à sa mort. » Une décision inédite, fruit de sept ans de lutte, que Rosamund Kissi-Debrah retrace en visio depuis la cuisine de son appartement. Prouver le lien entre la mort d’Ella et la pollution s’est avéré « incroyablement difficile ». Après un premier échec, son succès tient au soutien d’un professeur de médecine, Stephen Holgate, qui a travaillé d’arrache-pied pour établir une relation de causalité. Rosamund Kissi-Debrah attend désormais que le coroner publie ses recommandations pour éviter d’autres décès. Elle a créé une fondation, s’engage en politique au sein des Verts et espère que le gouvernement va s’emparer de la question. Mais « au-delà des scientifiques, alerter sur un danger que les gens ne voient pas reste difficile, prévient-elle. Dire aux parents que l’air empoisonne leurs enfants n’est pas le message le plus facile à faire passer ».