LES LAVANDIIERES DE LA NUIIT
[ LÉGENDE TRADITIONNELLE ]
Ces infâmes silhouettes féminines circulent dans nombre de régions françaises et sur des îles britanniques, dans la nuit. George Sand les décrit dans ses Légendes rustiques (1858) :
« Les véritables lavandières sont les âmes des mères infanticides. Elles battent et tordent incessamment quelque objet qui ressemble à du linge mouillé, mais qui, vu de près, n’est qu’un cadavre d’enfant. Chacune a le sien ou les siens, si elle a été plusieurs fois criminelle. Il faut se garder de les observer ou de les déranger ; car, eussiez-vous six pieds de haut et des muscles en proportion, elles vous saisiraient, vous battraient dans l’eau et vous tordraient ni plus ni moins qu’une paire de bas. » En filigrane, d’après l’historienne Marie-Charlotte
Delmas, cette légende véhiculerait un message chrétien anti-avortement.
[ LÉGENDE TRADITIONNELLE ]
Le récit est, là encore, conté par le podcast La Librairie Yokai. Vous rencontrez au restaurant une mince jeune femme qui ne mange que très peu, picorant de temps à autre son plat. À un moment donné, vous vous rendez compte que, dans son dos, ses cheveux divisés en deux comme des baguettes se sont approprié un plat sur la table derrière elle et en transportent les aliments à toute allure, remplissant une bouche gloutonne et insatiable, à l’arrière de son crâne. Vous êtes nez à nez avec la Futakuchi-onna, la « femme aux deux bouches ».
Cette dévoreuse dont nul ne sait où elle stocke toute la nourriture qu’elle ingurgite est condamnée à une éternelle voracité. Mais peu la plaindront : belle-mère, elle a laissé mourir de faim l’enfant de son mari. L’esprit du nourrisson s’est vengé en prenant possession de la jeune femme et donc, en lui créant cette proéminence goulue derrière la tête. « La belle-mère perfide, un classique dont les récits traditionnels ne se sont jamais lassés », note Eymeric Manzinali.