UNE AMANTTE UN PEU TTROP POSSESSIIVE
[ LÉGENDE TRADITIONNELLE ]
Dans un tout petit village appelé Confine perché sur les hauteurs de la Valle Varaita, on raconte une drôle d’histoire aux enfants. Ce village de vachers est séparé en deux par un pré en pente, donc composé d’une partie supérieure et d’une autre, inférieure. Dans le temps, pour une raison oubliée, les gens d’« en haut » n’aimaient pas du tout ceux d’« en bas », et vice-versa. Malgré les précautions prises pour rester entre soi, une histoire d’amour est née entre un garçon du haut et une fille du bas. Une histoire donc interdite, à la Roméo et Juliette, puisque jamais les parents
n’auraient accepté un mariage. Chaque nuit, en secret, le jeune homme d’en
haut allait retrouver sa belle du bas. Mais chaque
matin, en la quittant avant l’aube, des ronces
s’accrochaient à ses habits et à sa chair, lui déchirant la peau. Pourtant, à l’aller, aucune ronce ne le griffait. Un matin, s’armant d’un couteau, il coupa ces plantes qui empêchaient son passage. Le lendemain, au marché du village voisin, il croisa son amante. Elle tenait son panier... avec des moignons de poignets bandés, ses mains ayant été subitement tranchées. Il décida de ne plus la fréquenter. « Cette légende contient les motifs récurrents de la métamorphose et de la terrible méprise, commente Eymeric Manzinali. Comme dans la Complainte de la Blanche Biche (XVIe siècle), la femme, transformée en animal ou en végétal, est involontairement blessée ou tuée. Ici, cette métamorphose donne forme à des sentiments violents, et il est courant que les femmes soient représentées comme ne maîtrisant pas leurs peurs. »