And the winneuse is…
Alice Coffin ! Alors que nous écrivons ces lignes, le flamboyant jury de notre prix de l’essai féministe Causette 2021 vient de délibérer. Et, pour cette deuxième édition, il a choisi de récompenser Le Génie lesbien. Un an après la victoire d’Iris Brey et de son Regard féminin, c’est une grande satisfaction pour la rédaction de notre journal de voir sacrées des autrices qui pensent notre monde d’une façon singulière, novatrice et qui proposent de l’envisager sous un angle jamais abordé auparavant. C’est cela que nous souhaitons valoriser. Des femmes qui produisent de la pensée, nous poussent à chambouler nos acquis et à questionner nos représentations. Et, soyez-en sûr·es, c’est le cas du Génie lesbien.
Car il faut lire Alice Coffin dans le texte pour comprendre à quel point les procès qui lui sont intentés sont erronés et injustes. À quel point la réduire à une supposée « haine des hommes » est une accusation irrecevable – c’est mal connaître cette femme, cette militante, cette humaniste, figure centrale des luttes féministes et LGBTQI. Rien dans son livre ne permet d’affirmer cela. Seuls les réseaux sociaux qui tronquent, retranchent et sortent les propos de leur contexte mènent à ce genre de simplifications si dangereuses. C’est bien dans les livres, au contraire, et a fortiori dans les essais, que la pensée peut se développer au long cours dans toute sa complexité et sa nuance.
En la lisant, vous mesurerez la finesse d’analyse d’Alice Coffin et comprendrez mieux non seulement qui elle est, mais aussi quels sont ses combats, bien loin d’être sectaires. Au contraire, elle vous ouvrira des horizons nouveaux.
Alors que, quelques jours avant la remise de ce prix, la militante et élue de Paris a été prise à partie, à Rouen, lors d’une conférence à laquelle elle participait, par un groupe d’identitaires, ce prix se charge d’une dimension symbolique forte. Penser contre, oser dénoncer des systèmes patriarcaux ancestraux, proposer certains partis pris radicaux coûte cher, très cher à Alice Coffin. Et à toutes les féministes qui osent l’ouvrir. Ne nous désolidarisons pas. Et continuons de lire des livres. Vous savez quelles pages dévorer au cours de cet été, que nous vous souhaitons plus libre que jamais.