Spectacles vivants
Comme chaque année, Causette vous propose sa sélection très subjective du Off du Festival d’Avignon. Et on n’a jamais autant aimé vous recommander d’aller savourer du spectacle VIVANT.
Avignon : le théâtre, plus que jamais !
Êtes-vous prêt·es
pour un marathon théâtral de qualité ? Alors, c’est parti pour un programme 100 % causettocompatible.
Après un petit café sur la place Pie, rendez-vous dès 11 heures au Théâtre des Halles pour Incandescences.
Le metteur en scène Ahmed Madani occupe une place particulière dans le théâtre d’aujourd’hui en ce sens qu’il propose un travail documentaire impliquant, le plus souvent, des habitants des quartiers populaires, pour proposer d’autres récits, d’autres visages sur les plateaux. Cette fois, des jeunes né·es de parents ayant vécu l’exil. Ils et elles sont neuf sur scène à porter la voix des centaines de personnes rencontré.es par celui qui, précédemment, avait créé les excellentes F(l)ammes et Illumination(s).
À 12 h 45, on file à La Condition des Soies pour Speculum,
le carton théâtral du monde d’avant. Une enquête sur la gynécologie à travers l’Histoire, la grande, mais aussi celles des femmes. Trois actrices incarnent une cinquantaine de personnages. Pour rester dans la veine « intimité des femmes et théâtre documentaire », on peut enchaîner, à 15 h 10, avec L’Origine du monde, à Présence Pasteur. Didier Guyon a enregistré les témoignages d’une cinquantaine de femmes qui évoquent leur intimité. Il nous propose d’entendre leurs voix tandis que deux comédiennes leur donnent corps sur scène.
À 16 h 30, muni·es d’une bonne barre de céréales pour tenir le choc, on peut changer complètement d’univers en posant ses petites fesses au théâtre des Carmes pour se laisser embarquer dans la fable utopico-communautaire de la compagnie Les Mille Printemps dont Causette vous avait déjà recommandé la première création, Mon Olympe. Avec Yourte, un groupe de jeunes engagé·es tentent l’expérience du retour à la terre en communauté. Pas si simple…
Et encore du théâtre inspiré d’un travail documentaire (décidément !) à La Manufacture à 17 h 45 : le passionnant Pères. Une enquête sur les paternités d’aujourd’hui à partir d’entretiens réalisés par Élise Chatauret et Thomas Pondevie, de la Cie Babel. Laurent Barbot et Iannis Haillet, les deux comédiens qui donnent corps à ces pères, sont d’une justesse totale.
19 h 30, c’est l’heure de l’apéro et d’aller voir Les femmes de Barbe bleue, au théâtre des Carmes. Lauréat du prix Impatience 2019, ce spectacle propose une relecture du célèbre conte de Perrault en mode female gaze. Au programme : réflexion sur la prédation et éloge de la sororité. Emballant !
On finit en beauté avec Dorothy au Chêne Noir à 21 h 30, où la grande Zabou Breitman propose un seule en scène autour de la figure de Dorothy Parker, résistante, autrice, romancière, critique de théâtre, scénariste, grande plume du New Yorker, au temps de la prohibition, du maccarthysme et du droit de vote des femmes aux États-Unis. Un personnage haut en couleur et désespéré sur lequel Prince composa une chanson en 1987 : The Ballad of Dorothy Parker.
Après tout cela, vous aurez bien mérité une petite mauresque. Rassurez-vous, ce programme peut aussi s’étaler sur une semaine ! Bon festival à tous et toutes !
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