Causette

Tournez ménages

Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sentimenta­l pour comprendre comment les visions divergente­s de chacun·e n’empêchent pas (toujours) le ménage de tourner. Pour Anaïs, les vacances sont synonymes de visites et d’activités culturelle­s à foison.

- Par AURÉLIA BLANC

L’amour, c’est pas que des vacances

anaïs 31 ans

« Pour nos premières vacances, j’ai offert à Morgane une semaine à Rome. On était ensemble depuis six mois, et c’était une surprise. J’avais imaginé un planning avec les itinéraire­s, les lieux que j’aimerais visiter… C’est là qu’on a eu notre première discussion sur le sujet. Elle m’a dit : “Je ne fonctionne pas du tout comme ça. Je ne fais pas de planning, je fais la grasse matinée, et ensuite on voit comment on organise la journée.” Pour moi, ça a été une surprise totale. J’ai commencé par me remettre en question : travaillan­t dans la culture, j’étais peut-être dans une démarche qui collait un peu trop à mon métier. Puis j’ai essayé de voir comment on pouvait concilier nos façons de voyager : j’ai imposé certaines visites qui me tenaient à coeur et j’ai essayé d’être plus flexible sur d’autres, en prenant parfois un peu sur moi.

Mais on n’a jamais envisagé de partir l’une sans l’autre. Après cette semaine à Rome, on a très vite reprogramm­é d’autres séjours ensemble, mais pour de plus petites durées, des sortes de mid-weeks. Et on alterne visites et farniente. Ce que j’ai retenu de ces vacances à Rome, c’est que tout doit être discuté entre nous, même les horaires d’avion. Au départ, j’avais tendance à prendre en charge l’aspect logistique. Puis elle s’y est mise aussi. Avec Morgane, j’ai découvert les hôtels avec plus de trois ou quatre étoiles. Moi, pour la Saint-Valentin, jamais je n’aurais envisagé de louer une chambre sur les Champs-Élysées ! Elle l’a fait et, effectivem­ent, on voit la vie d’un autre angle : quand on en a la possibilit­é, c’est aussi très agréable de se faire chouchoute­r.

Par contre, on a un projet qui est toujours en discussion : un coffret “week-end en lieu insolite” reçu pour notre Pacs, il y a un an. On n’a pas réussi à trouver un logement qui convienne à Morgane : soit il y a des toilettes sèches, soit les sanitaires sont en commun, ou alors il faut dormir chez l’habitant. Morgane et moi, on est à l’opposé du point de vue des passions, du travail, des goûts… et on se complète totalement. Pour les vacances, c’est juste une flexibilit­é à avoir, et c’est un équilibre qu’on trouve plutôt bien. »

« Ce que j’ai retenu de ces vacances à Rome, c’est que tout doit être discuté entre nous, même les horaires d’avion »

« Quand Anaïs m’a offert ce voyage à Rome, j’étais vraiment très contente. C’est sans doute l’un des plus beaux cadeaux qu’elle m’ait faits. C’est quand on a commencé à parler du programme que j’ai senti qu’on était en décalage. Ça faisait plusieurs années que je n’étais pas partie, et ma définition des vacances c’était vraiment “repos absolu et farniente”. Moi aussi j’avais envie de partir avec elle, donc j’avais commencé à regarder, mais pour des vacances en bord de mer, à l’hôtel, en all inclusive, où l’on ne fait rien si ce n’est profiter de la plage. Entre-temps, elle m’a fait cette surprise. J’ai vite compris que ça n’allait pas être reposant… et ça a été assez éreintant. Je sais qu’elle aussi a mis de l’eau dans son vin. Mais ça nous a étonnées de découvrir qu’on avait une vision aussi différente.

On discute beaucoup, donc les choses se sont faites assez naturellem­ent. Même si, au début, quand elle m’a dit “il va falloir mettre le réveil” – mon cauchemar –, ça a été dur. Alors, on a trouvé la technique : maintenant, Anaïs va visiter un peu ou chercher le petit déj et elle vient me réveiller quand elle estime qu’il est temps.

Je pense qu’on a pris chacune l’une de l’autre. Moi, qui avais l’habitude d’être au rythme méditerran­éen – on se lève tard, on brunche et on sort tard le soir –, je me lève plus tôt. J’ai vraiment découvert les vacances culturelle­s, où on va au musée, à l’opéra… Je suis assez curieuse, donc je suis souvent partante pour découvrir. Mais, si ça ne me plaît pas, ce sera difficile de m’y emmener une seconde fois.

Comme ce week-end où on a dormi dans une yourte avec des amis : c’était amusant, mais les sanitaires communs, ce n’est pas pour moi. Sur le principe, je ne conçois pas de perdre en confort pendant les vacances. Payer pour faire un trou pour faire pipi dans la forêt : non merci ! On travaille toute l’année et, pour moi, les vacances doivent être une petite bulle qui fait rêver. Je crois qu’on a vite compris les points sur lesquels on était intransige­antes : Anaïs ne me proposera pas de dormir sous la tente, et je sais qu’une semaine dans un hôtel à ne rien faire ce serait trop long pour elle. Maintenant, on arrive à mixer les deux, et c’est agréable pour tout le monde. »

« je ne conçois pas de perdre en confort. Payer pour faire un trou pour faire pipi dans la forêt : non merci ! »

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