INFLUENCEUR·SES INFLUENCÉ·ES
Vous faire payer pour devenir maître de la vie des un·es et des autres ? C’est toute l’ambition de l’application californienne NewNew, qui permettra de payer pour influencer quelqu’un dans ses choix de vie. En somme, de les contrôler. Encore en phase de lancement, l’application « nouvelle nouvelle », créée en 2020, propose aux créateur·rices de contenu de soumettre leurs actions quotidiennes à leur communauté via des sondages. En un clic et moyennant 5 dollars (un peu plus de 4 euros), les tout-puissant·es abonné·es voteront autant de fois qu’elles et ils le souhaitent pour l’un des deux choix possibles. « Est-ce que je mets un pull bleu ou un pull rouge ? » « Est-ce que je mange italien ou japonais ? » L’option obtenant le plus de votes sera ensuite retenue par l’automate, pardon, l’influenceur·se, qui, de son côté, touchera sa part du gâteau en monétisant sa vie. On voit d’ici les dérives malsaines que pourrait engendrer l’appli NewNew, en roue libre sur l’autoroute de la marchandisation de la vie humaine. « Est-ce que je dois quitter mon job ? » « Est-ce que je dois avoir un enfant ? » Pire, la fondatrice, l’entrepreneuse américaine Courtne Smith, aimerait à présent l’étendre aux anonymes… Alors ce soir, plutôt italien ou japonais ?
En voilà une belle affaire ! L’artiste italien Salvatore Garau a vendu, le 18 mai, sa sculpture Io sono (« Je suis »), estimée au départ entre 6000 et 9000 euros, pour 14820 euros. Malheureusement, il nous sera impossible de vous dévoiler la merveille. Et pour cause, il s’agit d’une sculpture invisible.
Mais n’allez pas dire au génie que sa création n’existe pas. L’oeuvre, vendue avec son certificat de garantie et d’originalité par la maison de vente milanaise Art-Rite, est « une sculpture immatérielle à installer dans une habitation privée, dans un espace libre de tout encombrement » dans un carré de 1,5 mètre de côté, délimité par du ruban adhésif sur le sol.
Pour le sculpteur sarde – qui n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai en matière d’art insaisissable –, « c’est la parfaite métaphore de l’époque dans laquelle nous vivons ». Le vide, donc.