Nicolas Gaidet-Drapier
Écologue au Cirad *
« Au regard de la science écologique, la dimension écologique de la chasse n’est pas défendable. Schématiquement, vous avez d’un côté des espèces dont les chasseurs essaient d’optimiser l’exploitation (le gibier), en mettant de l’eau, des graines, ou en relâchant des animaux. Donc la ressource n’est pas produite que naturellement. De l’autre côté, vous avez le contrôle des populations d’animaux. Les chasseurs vont ainsi détruire des espèces jugées “nuisibles” parce qu’elles sont compétitrices pour certaines espèces de gibier : c’est le cas de certains oiseaux comme les pies ou les corbeaux [accusés de piller les nids, donc les réserves, de petit gibier, ndlr] et de la majorité des petits carnivores en France (renards, fouines), qui sont détruits par millions chaque année. Ce qui est une aberration sur le plan écologique, car ces animaux ont leur rôle à jouer dans le milieu naturel. La régulation de certaines espèces, comme les cerfs ou les sangliers, est, là aussi, difficilement défendable. Car dans l’absolu, aucune espèce ne prolifère : elles se développent en fonction de ce que leur milieu peut leur offrir. L’augmentation des sangliers – relâchés en grand nombre dans les années 1980 et 1990 – est principalement liée à la baisse de l’activité agricole, au développement de cultures céréalières et à certaines pratiques de chasse. Ce débat pose la question de notre politique générale (urbanisme, agriculture) et, plus largement, de la gestion de la nature. »
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*Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
“Les chasseurs vont ainsi détruire des espèces jugées ‘nuisibles’ parce qu’elles sont compétitrices pour certaines espèces de gibier”
Nicolas Gaidet-Drapier, écologue au Cirad