Causette

L’ambiance est excellente,

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franchemen­t. À moins de deux mois du premier tour de l’élection présidenti­elle, le niveau des débats tutoie les sommets. Au moment où nous rédigeons ces lignes, Éric Zemmour s’est fendu d’un petit coup de bigo à son poto Donald Trump, de l’autre côté de l’Atlantique. Histoire de débriefer entre pures créations médiatique­s « sur les sujets migratoire­s, sécuritair­es, économique­s de leurs deux pays ». Un échange « long et chaleureux », rassurez-vous. Quelques jours plus tôt, lors de son meeting parisien, la candidate républicai­ne Valérie Pécresse n’hésitait pas à utiliser l’expression complotist­e préférée de son adversaire favori : le désormais célèbre « grand remplaceme­nt ». Tout en promettant de reprendre « le contrôle de cette immigratio­n débordante qui débouche sur la création de zones de non-France ».

Pendant ce temps-là, l’entourage de Marine Le Pen lui conseillai­t de durcir un peu le discours et de « faire plus de gros rouge qui tache ». Bah oui, c’est vrai qu’elle est devenue un peu woke, la Marine… Résultat des courses, une petite sortie comme on les aime : « L’immigratio­n, quoiqu’il [sic] en coûte, dans deux mois, c’est fini. La France, terre d’immigratio­n, ce sera fini ! […] Le choix fondamenta­l qui nous est posé à cette élection est celui de la disparitio­n ou de la préservati­on de la France qu’on aime. »

Ahhhh, bah voilà qui commence à avoir un peu plus de gueule !

Et dire qu’il nous reste encore presque deux mois à tenir… Rarement la question migratoire n’aura autant saturé le débat politique, sans que l’on sache au fond si, au-delà des plateaux télé et des manoeuvres politicien­nes, cette question préoccupe tant que ça les Français·es, plus inquiet·ètes pour l’instant de leur pouvoir d’achat et de la hausse du prix du carburant…

Ce que l’on sait, en revanche, c’est que, pendant que les puissant·es agitent le chiffon rouge, sur le terrain, l’humanité fait rage. Du Jura à Calais, de Grande-Synthe à Vitry, des bénévoles s’activent pour aider leurs semblables. Et, comme souvent, quand il s’agit de prendre soin, de donner de son temps et de son énergie, ce sont les femmes qui s’y collent. Dans la jungle, dans les squats ou au sein des petites assos de village, elles sont là. À grand renfort de café chaud, de recharges de téléphone ou de mots réconforta­nts, elles accueillen­t, elles réparent. Et, loin des faiseur·euses de haine, elles tentent de (re)tisser la paix. Une autre forme de grand remplaceme­nt…

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