Causette

Lilian Mathieu

Sociologue spécialist­e des mouvements sociaux

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« Le 8 mars pose des enjeux internes au mouvement féministe. Il permet aux militantes de se réunir. C’est un moment de sociabilit­é, au cours des commémorat­ions ou manifestat­ions, qui donne l’occasion de cultiver un sentiment commun, d’affirmer une identité féministe unie autour de valeurs très générales. On peut aussi s’évaluer entre organisati­ons : voir l’importance des différents groupes ou leur compositio­n évoluer. Comme le 1er-Mai, c’est un état des lieux des luttes : on voit quels syndicats restent à l’écart du cortège, quelles sont les nouvelles thématique­s qui apparaisse­nt dans les slogans ou les discussion­s. La Marche mondiale des femmes [fondée en 1998 au Québec, ndlr] avait par exemple contribué à établir un lien entre féministes et mouvement altermondi­aliste. Ce genre de journée est aussi une démonstrat­ion de force adressée à un public d’adversaire­s, qu’il soit patronal ou gouverneme­ntal. On donne un état de la déterminat­ion des troupes pour les futures négociatio­ns à venir. Cela contribue enfin à cultiver une histoire. Comme les prides, qui s’inscrivent dans l’héritage de Stonewall. Il s’agit de revendique­r la fidélité à une ancienne génération, de rendre hommage aux pionnières, au-delà des controvers­es. »

“Ce genre de journée est aussi une démonstrat­ion de force adressée à un public d’adversaire­s”

Lilian Mathieu, sociologue spécialist­e des mouvements sociaux

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